2025-11-16 12:19:18 - À Madagascar, si les évêques catholiques semblent légitimer le changement de régime, en expliquant que le renversement de l’ex-président Andry Rajoelina le mois dernier, est la conséquence d’une trop grande souffrance de la population, les hommes d’Église mettent en garde contre un possible retour aux vieilles pratiques de gouvernance.
Réunis, samedi 15 novembre, à Antananarivo à l’occasion de leur assemblée plénière ordinaire, les 31 prélats de la Conférence épiscopale ont exprimé dans un message écrit leur inquiétude face à certains signaux émergents préoccupants, alors que le pays traverse une transition fragile quelques semaines après le soulèvement populaire mené par les jeunes.
Dans leur message publié à l’issue de leur assemblée, les évêques malgaches pointent un risque majeur : voir la transition actuelle « s’écarter des aspirations profondes des jeunes et du peuple ». « Beaucoup redoutent le retour des anciennes pratiques et des anciens acteurs » qui ont conduit, selon eux, la vie nationale dans la crise. Cette inquiétude s’appuie sur l’émergence, déjà visible, soulignent-ils, de « personnes payées pour saboter le changement », semant le désordre et menaçant l’élan né du mouvement populaire.
Les prélats rappellent le désir de rupture de la population
S’adressant aux nouvelles autorités, les prélats rappellent que la population a réclamé un désir de rupture, après des années de coupures d’eau, de délestages, d’abus de pouvoir et de corruption devenue systémique. Ils les exhortent à ne pas se contenter de changer les visages et plaident pour que les réformes sociales et économiques portées par la jeunesse soient réellement au cœur du projet national, et appliquées sur tout le territoire et pas seulement dans quelques grandes villes. Ils encouragent enfin les nouveaux dirigeants à mettre en place leur politique d’austérité et rompre immédiatement avec la multitude de « privilèges dont bénéficiaient les agents de l’ancien régime ».
Dans leur missive, les évêques interpellent aussi le peuple, en soulignant qu’il « n’est pas juste de toujours tout attendre des dirigeants » ; « certaines choses dépendent de nous et sont à notre portée, écrivent-ils. Nous devons changer de mentalité et nous convertir ».
L’Église appelle enfin à rétablir la justice après des années d’impunité, mais prévient : « Rendre justice pour des crimes commis, des vols ou des actes de corruption ne doit en aucun cas être confondu avec un esprit de vengeance politique ». Une mise en garde qui fait largement écho au jaillissement cette semaine d’affaires judiciaires impliquant de nombreuses personnalités de l’ancien régime.
Sarah Tétaud correspondante à Antananarivo,RFI / Photo - AFP - MAMYRAEL / Titre : AM
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