2025-10-30 22:04:31 - Une étape de plus dans la « pire crise humanitaire » contemporaine. Déjà, depuis 2023, la guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et mis plus de 24 millions de personnes en insécurité alimentaire aiguë. Mais depuis la prise de la ville d’El-Fasher dimanche par les paramilitaires, la crise s’aggrave.
Que s’est-il passé après la prise de la ville ?
C’est l’événement qui a « profondément » choqué l’Organisation mondiale de la santé. Des informations ont en effet fait « état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d’El-Fasher », a indiqué sur X l’OMS mercredi. Selon l’institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.
Mardi, des militants pro démocratie avaient déjà accusé les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) d’avoir tué des blessés soignés dans l’hôpital de cette maternité. « Les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge » ont en plus étaient ciblés a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l’aide humanitaire au gouvernement pro armée.
Plus de 36 000 civils, selon l’ONU, ont aussi fui la ville depuis dimanche. Mais quelque 177 000 civils y sont encore piégés. L’ONU et les organisations humanitaires craignent des massacres et des ciblages « ethniques ». Au point de rappeler le sombre passé du Darfour, quand, au début des années 2000, les ancêtres des FSR, avaient fait plus de 300 000 morts.
Pourquoi c’est un moment de bascule ?
Jusqu’à sa chute dimanche, El-Fasher était la dernière des cinq capitales du Darfour contrôlée par l’armée régulière, en guerre depuis avril 2023 avec les FSR, désormais maîtres de l’ensemble de la région. Les FSR contrôlent maintenant l’ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L’armée contrôle le nord, l’est et le centre du pays.
Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l’indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces était une « opportunité » qui favoriserait « l’unité » du pays. « Nous disons : l’unité du Soudan par la paix ou par la guerre », a déclaré le général Daglo mercredi.
Reste que les pourparlers menés depuis plusieurs mois par les États-Unis, l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, sont restés dans l’impasse, selon un proche des négociations. Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, « à l’obstructionnisme continu » du pouvoir en place, qui a refusé son exclusion et celle des FSR de la transition post-conflit.
Quelles ont été les réactions à l’ONU ?
Dans une déclaration, le Conseil de sécurité de l’ONU a exprimé jeudi sa « profonde inquiétude concernant l’escalade de la violence dans et autour d’El-Fasher » et a condamné les « atrocités qu’auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires ».
Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a alerté sur le « risque croissant d’atrocités motivées par des considérations ethniques » et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit « gravement préoccupé par l’escalade militaire récente » à El-Fasher, appelant à « mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités ».
El-Fasher « déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d’exécutions de masse » après l’entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher.
« Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l’horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité », a-t-il ajouté. Mais « la tuerie n’est pas limitée au Darfour », a-t-il alerté, s’inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.
Article de Le Parisien avec AFP
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