2025-10-30 21:08:44 - Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme et réclament une plus grande protection des calaos africains. Autrefois très visibles dans la canopée des forêts de l’ouest africain - Gabon, Togo, Cameroun, Ghana notamment - ils sont maintenant rares et cachés. Leurs populations s’effondrent.
Un commerce conséquent, de graves conséquences
En cause, un commerce international très peu documenté et surtout non réglementé. Déjà menacés par la déforestation et le braconnage local, ces oiseaux sont désormais chassés pour leur casque en kératine, pouvant notamment servir à fabriquer divers objets décoratifs. La plupart des espèces de calaos africains sont classées «en préoccupation mineure» sur la liste rouge de l’UICN, ce que ne comprennent pas les experts, qui s’inquiètent de leur disparition.
D’autant qu’il existe un précédent : le calao à casque rond (Rhinoplax vigil) présent en Asie est passé de «préoccupation mineure» à «en danger critique d’extinction» en l’espace de trois ans. Ils ont été protégés et inscrits sur l’annexe I de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Mais comme souvent, le trafic se reporte sur le continent africain.
Enfin une étude sur le commerce des calaos africains
La toute première étude chiffrée sur les calaos africains a été publiée en août 2025 par une équipe de chercheurs (1). On y découvre que les États-Unis figurent parmi les plus gros acheteurs mondiaux. 94,5% des calaos importés aux États-Unis sont originaires d’Afrique. Entre 1999 et 2024, au moins 2704 calaos ont été importés par des Américains, bien que ce chiffre soit probablement sous-estimé.
Ces observations ne prennent pas en compte les transactions en ligne qui sont en nette augmentation sur Facebook, Etsy, Instagram et eBay notamment : 500 annonces repérées par les chercheurs, concernant plus de 800 calaos (70% africains) entre 2010 et 2024. Et ce malgré l’interdiction formelle des plateformes de vendre des animaux sauvages.
Ce commerce, qui augmente de 3% par an en moyenne sur les dernières années, dépasse nettement celui des calaos asiatiques. Il s’agit pour la majorité (55%) de têtes de calaos desséchées (orbites vides mais casque intact), même si certains (45%) sont en vie et adoptés en animaux de compagnie.
Protéger les calaos africains : la prochaine COP tranchera
Les volumes de ce commerce restent bien inférieurs à d’autres espèces d’oiseaux, mais ils sont catastrophiques en raison des cycles de reproduction longs et difficiles des calaos. «Ce niveau de prélèvement est insoutenable», a déclaré Lucy V. Kemp, l’une des auteurs de l’étude, dans un article paru sur Mongabay.
Dans le même article, la journaliste Spoorthy Raman décrypte l’origine des importations : «L’étude a révélé que le Cameroun exportait un quart des calaos entrant aux États-Unis, suivi par la Tanzanie, le Sénégal, la Guinée, l’Afrique du Sud, la RDC et le Zimbabwe. Les oiseaux d’Afrique de l’Est ont dominé ce commerce entre 1999 et 2004, avant que la tendance ne s’inverse au profit des calaos d’Afrique centrale. Depuis 2021, la plupart proviennent du Cameroun et de la RDC.»
Les chercheurs réclament, tout comme huit pays d’Afrique, l’inscription des calaos sur l’annexe de la CITES. Lors de la prochaine COP, en novembre, cette proposition sera débattue et soumise au vote des 185 pays membres. Actuellement, seuls deux pays africains interdisent la chasse au calao : le Sénégal et le Djibouti.
Article de Pierrick Levirois - Le Figaro / Photo:catalyseur7 - stock.adobe.com
: Afrique Monde

