2025-10-22 18:58:12 - L'ancien ministre passé à l'opposition Issa Tchiroma Bakary a appelé mercredi les Camerounais à manifester si le Conseil constitutionnel venait à proclamer des "résultats falsifiés et tronqués", dans un discours réaffirmant sa certitude d'avoir remporté l'élection présidentielle.
La plupart des analystes s'attendent à ce que Paul Biya, 92 ans, remporte un huitième mandat, dans un système que ses détracteurs accusent d'avoir été verrouillé au fil de ses 43 ans au pouvoir.
Depuis la semaine dernière, des partisans d'Issa Tchiroma qui selon son propre décompte a remporté 54,8% des suffrages contre 31,3% pour le président sortant Paul Biya, sont descendus sporadiquement dans la rue pour revendiquer la victoire au scrutin présidentiel.
Le gouvernement camerounais a interdit, à compter de mercredi, les rassemblements publics et la circulation des mototaxis dans plusieurs villes avant les résultats de l'élection qui doivent être proclamés par le Conseil constitutionnel au plus tard lundi soir.
"Le peuple camerounais, dans son immense majorité, n'acceptera jamais la validation par le Conseil constitutionnel de la falsification et du bourrage des urnes", a déclaré le candidat dans une vidéo publiée sur sa page Facebook.
"S'ils préfèrent menacer la sérénité et la paix du pays plutôt que d'admettre la défaite, nous répondrons par la détermination pacifique du peuple. J'invite donc tous les Camerounais (...) à sortir comme un seul homme, dans la paix et dans l'amour de la patrie. Marchons pour la libération et pour la revendication de notre victoire", a-t-il poursuivi.
"Nous viendrons à bout de cette oligarchie prédatrice qui confisque nos libertés, nous réduit à la pauvreté, à la mendicité", a déclaré M. Tchiroma. "D'autres peuples qui se sont retrouvés dans une situation comparable ou analogue à la nôtre, ont résolument pris leur destin en main et ont fait ce qui devait être fait", a-t-il ajouté.
Depuis la revendication de la victoire par le candidat Tchiroma deux jours après le vote, le RDPC, parti de Paul Biya, a dénoncé dans un communiqué "un grotesque canular" et une "forfaiture inadmissible dans un Etat de droit", disant attendre "sereinement les résultats officiels".
- Tensions -
Mardi, le ministre de l'Administration territoriale Paul Atanga Nji avait annoncé l'interpellation à Garoua de 20 personnes pour des faits "d'insurrection et d'incitation à la rébellion" et leur déferrement devant des tribunaux militaires. Le ministre avait également invité les citoyens "à garder leur calme".
Selon un arrêté préfectoral paru mardi, "en vue de permettre un meilleur maillage sécuritaire de la ville de Douala, à l'issue du scrutin du 12 octobre", les "activités de transport par motocycles sont interdites" de mercredi 18H00 à jeudi 6H00, ainsi que "le jour de la proclamation des résultats de l'élection" et de "la prestation de serment du Président de la République alors déclaré élu".
Dans le département de la Ménoua, à l'ouest, "toute manifestation publique de rue et la circulation des mototaxis" sont interdites "jusqu'à nouvel ordre", selon un arrêté préfectoral paru mardi.
Les cours ont également été suspendus à l'université de Garoua "avant, pendant et après" la proclamation des résultats de l'élection présidentielle "du mercredi 22 octobre au vendredi 24 octobre", selon un communiqué du recteur.
Le Conseil constitutionnel a rejeté mercredi les huit recours adressés dans le cadre du contentieux post-électoral et a jusqu'au 27 octobre pour publier les résultats du vote.
Les membres du Conseil constitutionnel sont considérés comme proches du président Paul Biya. En août, ils avaient rejeté la candidature de Maurice Kamto, arrivé deuxième à la présidentielle de 2018 mais dont il s'était proclamé vainqueur au lendemain du vote.
AFP /Photo : MARCO LONGARI / lnf-hpn/djb
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