2025-05-02 20:08:55 - Au Venezuela, comme c’est de coutume pour le 1er-Mai, Nicolas Maduro a fait une série d’annonces en faveur des travailleurs et des retraités. Le président vénézuélien a notamment annoncé une augmentation des retraites qui atteindraient désormais les 50 dollars. Cependant, on est encore loin du compte pour les organisations de défense citoyenne.
L’annonce a fait son effet : des retraites qui passeraient de 1,5 à 50 dollars, une augmentation substantielle. Mais le diable est dans les détails. En réalité, il s'agit d'une prime étatique pour les retraités qui est augmentée de 5 dollars. La retraite, tout comme le salaire minimum au Venezuela, restent bloqués à moins de deux dollars par mois, et ce, depuis trois ans.
« Il faut faire remarquer que le fait qu’il n’y ait pas d’augmentation du salaire minimum impacte les revenus des travailleurs, malgré les primes. Les prestations sociales ne prennent pas compte de ces aides, le calcul des vacances par exemple », explique Lisette Gonzalez, de l’organisation PROVEA, au micro de notre correspondante à Caracas, Alice Campaignolle.
Nicolas Maduro affirme qu’avec toutes les aides de l’État, un salarié du secteur public peut gagner jusqu’à 160 dollars, mais le panier moyen d’un ménage de quatre personnes atteint les 530 dollars dans le pays. « Pour la majorité des Vénézuéliens, il est très difficile de pouvoir s'acheter des aliments et 40% de la population vit en insécurité alimentaire », déplore Lisette Gonzalez.
Des primes critiquées
Le président attribue la crise et l'érosion chronique des salaires et des retraites du fait de l'inflation à l'embargo pétrolier et aux sanctions financières imposées par Washington qui cherche selon lui l'évincer du pouvoir. En réaction, il a multiplié les allocations pour la nourriture et créé une prime de « guerre économique » pour les 5,5 millions de salariés du secteur public dans ce pays de 30 millions d'habitants.
Le « revenu de la guerre économique, nous allons le porter de 90 dollars à 120 dollars par mois. (...) Ajouté au revenu du cestaticket (allocation alimentaire) qui est de 40 dollars, cela porte le revenu minimum intégral » de la fonction publique « à 160 dollars », a-t-il annoncé lors d'une cérémonie télévisée sur la chaine publique.
Les sommes seront versées en monnaie locale, le bolivar, mais « indexés » mensuellement sur le dollar, alors que l'inflation, pour laquelle il n'existe pas de chiffres officiels réguliers, reste supérieure à 130%, selon l'Observatoire vénézuélien des finances, un organisme privé.
Ces primes sont critiquées, notamment par des syndicalistes et des salariés, parce qu'elles n'entrent pas dans le calcul des cotisations sociales, des retraites, des vacances, de l'ancienneté ou des primes de fins d'année. Quelques heures après les annonces de Nicolas Maduro, environ 300 personnes ont manifesté à Caracas jeudi pour le 1er mai, exigeant un « salaire digne ».
Avec le retour des sanctions internationales au Venezuela, annoncées par Donald Trump, la situation économique risque certainement de se dégrader et la possibilité d’une augmentation du salaire minimum s’éloigne encore.
RFI - Photo: REUTERS - Leonardo Fernandez Viloria
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