2025-04-24 22:52:55 - Le principal parti d'opposition en Tanzanie a dénoncé jeudi l'arrestation de 13 de ses responsables et la violente dispersion de membres et sympathisants près d'un tribunal de Dar es Salaam où était attendu le chef du mouvement, inculpé pour trahison.
Tundu Lissu, le président du parti Chadema, fait face à des poursuites passibles de la peine de mort dans ce pays d'Afrique de l'Est où la répression politique s'accroît à l'approche des scrutins présidentiel et législatif d'octobre.
Des centaines de personnes qui avaient répondu à un appel du parti pour soutenir l'opposant au tribunal ont été bloquées par un important dispositif policier déployé sur les lieux, a constaté un journaliste de l'AFP.
Plusieurs sympathisants et responsables du parti ont été battus et d'autres arrêtés alors qu'ils se bousculaient pour tenter de suivre l'audience, à laquelle M. Lissu a finalement refusé de comparaître.
Selon Chadema, une personne est décédée.
"Nous avons reçu des informations faisant état du décès d'un de nos camarades, grièvement blessé à la tête" par la police, a déclaré un responsable lors d'un point de presse.
L'AFP n'a pas été en mesure de vérifier cette information.
Treize responsables du parti ont été arrêtés et neuf d'entre eux ont été abandonnés dans une forêt où avait été retrouvé en septembre dernier le corps de l'opposant Mohamed Ali Kibao après son enlèvement par des hommes armés, a déclaré Chadema.
Parmi les personnes arrêtées figurent le vice-président de la formation, John Heche et son secrétaire général, John Mnyika, a déclaré à l'AFP Brenda Rupia, porte-parole de Chadema.
Les forces de l'ordre ont également interdit aux journalistes d'assister à l'audience.
"Je suis arrivée au tribunal dès 06H00 mais la police m'a refusé l'entrée", a déclaré Rosa Koka, 60 ans, venue depuis le nord du pays. "C'est vraiment très inquiétant et cela entrave notre démocratie", a-t-elle déploré.
M. Lissu, 57 ans, qui était le candidat de Chadema à la présidentielle de 2020, avait été arrêté le 9 avril après un meeting dans le sud du pays.
- Critique virulent -
Ce responsable n’a pas été vu en public depuis une brève comparution au tribunal le 10 avril, et son parti a plusieurs fois dénoncé la difficulté pour ses avocats et ses proches de lui rendre visite.
L'opposant a, selon sa formation, finalement été appelé à comparaître via visioconférence, ce qui va "à l'encontre du principe de transparence et du droit à un procès équitable", a martelé Brenda Rupia sur X.
Critique virulent du Chama Cha Mapinduzi (parti de la révolution - CCM), la formation au pouvoir depuis l'indépendance en 1961 dans ce pays d'Afrique de l'Est, Tundu Lissu avait survécu à une tentative d'assassinat en septembre 2017.
Elu à la tête de Chadema en janvier, il avait appelé au changement après un raz-de-marée du CCM en novembre dernier lors d'élections locales, qualifiées par l'opposition de "scrutin "manipulé".
Un responsable tanzanien a récemment annoncé que Chadema serait écarté des prochaines élections faute d'avoir signé un nouveau code de conduite électoral, que le parti refuse de parapher car il n'inclut pas les réformes qu'il réclame. Cette exclusion viole la constitution, selon le parti.
Chadema accuse le gouvernement de la présidente Samia Suluhu Hassan de retomber dans les pratiques autoritaires de son prédécesseur John Magufuli (2015-2021).
Mme Hassan avait dans un premier temps été saluée pour avoir assoupli les restrictions que son prédécesseur avait imposées à l'opposition et aux médias dans ce pays de 67 millions d'habitants.
AFP-Photo: ERICKY BONIPHACE/str-jcp-rbu/blb
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