2025-04-23 23:44:03 - Le deuxième round des discussions directes entre Kinshasa et l’AFC/M23 s’est clôturé à Doha, au Qatar, sans signature d’accord, mais avec un projet de texte validé. Les délégués ont commencé à regagner leurs quartiers généraux respectifs. Depuis plus de deux semaines, les pourparlers se tiennent à huis clos, sous l’égide du Qatar. C'est une médiation discrète, très encadrée, peu d’informations filtrent.
Le premier round, en mars, avait surtout permis de briser la glace. Des échanges préliminaires entre délégations techniques, composées essentiellement d’experts militaires et de membres des services de renseignement. Peu d’avancées concrètes, mais un climat de travail installé.
Le deuxième round s’est ouvert le 8 avril. Après la suspension des discussions en face-à-face le 14 avril, les échanges se sont poursuivis, cette fois de manière indirecte. Les médiateurs ont relayé les propositions de part et d’autre, dans l’espoir d’aboutir à un texte commun.
Un pas qualifié par les deux parties d’important a été franchi le 17 avril, avec une réunion tenue sous l’égide du médiateur. Un consensus a été trouvé sur un projet de texte. Ce document, validé par les deux délégations, doit servir de base pour un accord de cessez-le-feu. Mais à ce jour, ce texte n’a toujours pas été signé, et le président congolais Félix Tshisekedi n’a pas encore donné son approbation formelle.
Qu’est-ce qui coince ?
Du côté de l’AFC/M23, des interrogations subsistent, notamment sur les mesures de confiance.
Selon nos informations, le mouvement armé avait transmis une liste d’au moins 740 personnes : des proches, des membres ou des personnes accusées d’être liées à l’AFC/M23. Seules cinq personnes ont été libérées, et aucune d’entre elles ne figurait parmi les détenus les plus emblématiques, comme les condamnés à mort.
À Kinshasa, certaines sources proches de la négociation estiment que les exigences du mouvement armé sont trop élevées.
Dans les rangs de l’AFC/M23, selon nos informations, on estime que le pouvoir congolais temporise, cherchant à gagner du temps, à consolider ses positions militaires, et à compter sur une pression internationale croissante sur le mouvement.
Quelle chance pour la médiation ?
La médiation conduite par le Qatar reste active, mais très discrète. C’est le ministre d’État qatari Mohammed Al-Khulaifi, en charge du dossier, qui pilote les échanges. Hier, il s’est entretenu avec Massad Boulos, le nouveau conseiller principal pour l’Afrique à la Maison Blanche.
Une rencontre qualifiée d’importante, alors que les États-Unis soutiennent activement une désescalade entre Kinshasa et le mouvement armé.
Parallèlement, un autre canal diplomatique reste en mouvement : celui de Faure Gnassingbé, le président togolais, désigné par l’Union africaine comme médiateur dans ce dossier. Il poursuit en ce moment une tournée dans la région, avec l’objectif d’écouter les différents acteurs impliqués dans la crise.
Reste à savoir comment ces deux initiatives – qatarienne et africaine – vont pouvoir s’articuler pour relancer la confiance et faire avancer le processus de paix.
RFI-Photo:JOSPIN MWISHA / AFP
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