Les entreprises françaises, qui ont longtemps joué un rôle important dans l'économie algérienne, se retrouvent aujourd'hui confrontées à des obstacles considérables. La crise actuelle menace non seulement les partenariats économiques mais aussi les investissements à long terme, essentiels pour maintenir les liens entre les deux nations.

 

La récente interpellation en France d’un agent consulaire algérien, a intensifié les tensions entre les deux pays. Cette situation a entraîné des répercussions diplomatiques importantes, avec l'expulsion de 12 diplomates algériens et français. Un climat de défiance s’est ainsi installé, difficilement compatible avec la coopération économique qui, depuis plusieurs années, lie la France et l’Algérie.

 

Cet incident survient quelques jours seulement après un rapprochement qui avait été initié lors des échanges entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron. Mais cette reprise du dialogue semble désormais mise à mal, affectant directement les entreprises françaises opérant en Algérie.

 

 

Les entreprises françaises se retrouvent aujourd'hui sous pression. La Chambre de Commerce et d'Industrie Algéro-Française (CCIAF) a récemment alerté sur l'impact de cette crise diplomatique, soulignant les conséquences négatives sur les projets d'investissement et les partenariats commerciaux entre les deux pays. « La relation algéro-française a subi ces derniers jours un regain de tension qui a malheureusement affecté la collaboration économique et plus spécifiquement l’investissement et le développement d’entreprises françaises de renom en Algérie », lit-on dans le communiqué signé par Michel Bisac, président de la CCIAF.

 

Les secteurs clés comme l’automobile, l’agroalimentaire et le transport maritime voient leurs projets suspendus ou ralentis. En effet, des investisseurs français comme ceux du groupe CMA CGM, leader dans le secteur du transport maritime, ont vu leur projet d’investissement annulé à cause des tensions politiques. La CCIAF appelle les acteurs économiques à "unir leurs efforts sur la concrétisation d’investissements créateurs de valeur ajoutée dans un esprit d’intérêts réciproquement bénéfiques à l’écart des tensions politiques actuelles."

 

 

Malgré les turbulences diplomatiques, les échanges commerciaux entre l'Algérie et la France continuent d’afficher des résultats mitigés. En 2024, les exportations françaises vers l’Algérie ont augmenté de 6,6 %, atteignant 4,8 milliards d'euros. Cette croissance est alimentée par des secteurs tels que les matériels de transport, en particulier les équipements mécaniques et électroniques. Toutefois, la baisse des exportations algériennes, dominées par les hydrocarbures, a conduit à une réduction générale des échanges commerciaux, qui ont chuté de 4,3 % par rapport à 2023.

 

Le stock d'investissements directs étrangers (IDE) français en Algérie, quant à lui, reste conséquent, atteignant 2,8 milliards d’euros en 2023. Ces investissements se concentrent principalement dans les secteurs financiers, industriels et extractifs, où les entreprises françaises continuent de jouer un rôle majeur.

 

 

Face à cette situation, les entreprises françaises sont appelées à naviguer prudemment. La CCIAF a d'ailleurs lancé un appel pour maintenir les partenariats économiques loin des conflits politiques. Selon la Chambre de Commerce, il est essentiel de préserver les investissements dans des secteurs stratégiques pour l'avenir des deux pays.