Dimanche 6 avril, quelques jours seulement après sa condamnation par le tribunal correctionnel de Paris à cinq ans d’inéligibilité avec application immédiate pour détournement de fonds publics, Marine Le Pen avait déclaré : « Nous prendrons exemple sur Martin Luther King qui a défendu les droits civiques ».

 

 

La leader d’extrême droite était en terrain conquis puisqu’elle s’exprimait là en visio, face aux partisans de La Lega, le parti anti-immigration du vice-président du Conseil italien Matteo Salvini. « Notre combat sera un combat pacifique, un combat démocratique », avait-elle ajouté. Place Vauban à Paris, devant une foule éparse de militants, la députée du Pas-de-Calais y avait de nouveau fait référence : « Notre ligne conduite est pacifique, celle du pasteur Martin Luther King pour les droits civiques des citoyens américains à l’époque opprimés et privés de droit ». Avant de poursuivre : « Nous ne demandons pas d’être au-dessus des lois, mais pas au-dessous des lois. Nous ne sommes pas des sous-citoyens ».

 

Au-delà du parallèle entre deux situations qui n’ont absolument rien à voir, il faut rappeler que Martin Luther King se battait contre la ségrégation raciale, là où Marine Le Pen a défendu lors de ses campagnes présidentielles la discrimination d’État via la « préférence » puis la « priorité nationale ». Le Rassemblement national, héritier du Front national, fondé par d’anciens Waffen-SS et construit sur les cendres de la guerre d’Algérie, peut-il vraiment se revendiquer du pasteur américain connu pour son « rêve » formulé en 1963 ?

 

 

Son fils et son épouse ne décolèrent pas. Auprès de BFMTV, ils dénoncent une « tentative de déformation ou d’établissement de fausses équivalences », et s’indignent : « Cela constitue une distorsion inappropriée de l’Histoire et porte atteinte aux sacrifices consentis par ceux qui se sont opposés à la haine et se sont battus pour la justice ». Selon Martin Luther King III et Andrea Waters King,  les « efforts » entrepris par le militant afro-américain ont « inspiré des générations d’Américains et ouvert la voie à la création de sa vision d’une “communauté bien-aimée”, une société fondée sur l’unité plutôt que sur la division ».

 

En France, les propos de Marine Le Pen avaient aussi suscité incompréhension et colère. Le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard y avait vu de « l’indécence crasse », quand la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier s’était contentée d’un : « Non mais sans déconner ». Le quotidien régional Sud Ouest avait dû rappeler dans son éditorial que « Non, Marine Le Pen n’est pas Martin Luther King ».