2025-04-04 22:11:36 - La Libye s’attaque aux associations étrangères. Ce mercredi 2 avril, le pays a annoncé la fermeture des sièges de dix organisations humanitaires internationales et la suspension de leurs activités, les accusant de vouloir « installer des migrants » d’Afrique subsaharienne sur son territoire. Le porte-parole de l’Autorité de sécurité intérieure libyenne a imputé aux ONG la volonté de « porter atteinte à l’intégrité de l’État et à sa sécurité intérieure » dans le cadre d’un « complot international », rapporte l’AFP.
Selon le pays, ces organisations mèneraient « une action hostile visant à modifier la composition démographique du pays et menace la société » libyenne. Un projet qui ne serait pas nouveau, a accusé le porte-parole Salem Gheith. « L’Union européenne avait tenté (la même chose, NDLR) avec l’ancien régime, via l’Italie », a-t-il assuré, estimant qu’après la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, « l’UE a changé de moyen et a eu recours aux ONG pour faire aboutir le même projet ».
Ont été visées le Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), Médecins Sans Frontières, l’organisation française Terre des Hommes ou encore l’italienne CESVI. Sous couvert d’action humanitaire, ces structures s’adonneraient – toujours selon le porte-parole – à du « trafic » de migrants et du « blanchiment d’argent ».
Des convocations arbitraires
Des accusations graves, qui relèveraient d'« une campagne de répression contre les ONG internationales et les travailleurs humanitaires », accusent des ambassadeurs (principalement européens) et un représentant de l’ONU dans une lettre adressée au ministre des Affaires étrangères libyen.
Ce courrier du 27 mars, consulté par l’AFP, s’inquiète des convocations arbitraires « d’au moins 18 membres du personnel » d’ONG, dont certains ont été privés de leur passeport. Les diplomates ont demandé aux autorités de permettre aux ONG « de rouvrir leurs bureaux et de redémarrer leurs opérations humanitaires dès que possible », craignant un impact catastrophique pour la population.
Depuis la révolution et la chute du régime Kadhafi en 2011, la Libye est morcelée entre plusieurs instances qui se disputent le pouvoir central. Passeurs et trafiquants ont profité du climat d’instabilité qui règne dans le pays pour développer des réseaux clandestins. Entre 700 000 et 1 million de migrants sont présents dans le pays, d’après l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), sur la base de données collectées entre mai et juin 2024. Les autorités libyennes, elles, assurent que ce nombre est sous-évalué.
leJDD - Photo: Hazem Turkia
: Afrique Monde