2025-03-31 21:37:17 - Reconnue coupable lundi 31 mars de détournement de fonds publics, la cheffe du RN est devenue également inéligible. Un aspect dénoncé rapidement par les populistes et les dictateurs d’extrême droite.
Le Kremlin a déploré lundi une « violation des normes démocratiques », après la décision du tribunal de Paris qui a déclaré inéligible avec effet immédiat la cheffe de file d’extrême droite française Marine Le Pen. C’est la première réaction qui est tombée à l’international. Les chefs de l’extrême droite européenne ont réagi dans la foulée pour dénoncer le jugement qui écarte Marine Le Pen de la prochaine présidentielle en France, à l’image du chef du parti d’extrême droite à la tête de la coalition néerlandaise Geert Wilders qui s’est dit «choqué» par une décision jugée «incroyablement sévère».
Aucun d’entre eux n’a réagi au fait que le Rassemblement national ait détourné 4,1 millions d’euros d’argent public en faisant travailler les assistants d’eurodéputés RN pour le parti et non pour leur activité au Parlement européen.
Le plus provocant : la réaction de Viktor Orban
Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, s’est fendu d’un message sur le réseau social X. Le populiste, au pouvoir à Budapest depuis 2010 en ayant mis au pas la justice et le secteur des médias, a choisi la provocation avec un court « Je suis Marine », une référence au « Je suis Charlie » utilisé pour dénoncer les attentat au siège du hebdomadaire satyrique Charlie Hebdo du 7 janvier 2015. Cette attaque terroriste avait fait sept morts.
Le chef du gouvernement hongrois est l’allié dans le groupe politique des Patriotes (PfE) au Parlement européen avec le Rassemblement national. Avec 86 élus, il constitue de la troisième force dans l’hémicycle bleu de Strasbourg.
Le soutien de l’ancien allié financier : le Kremlin
« De plus en plus de capitales européennes empruntent la voie de la violation des normes démocratiques », a indiqué lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, répondant à une question sur la condamnation de Marine Le Pen. Une approche typique du narratif du pouvoir russe sur l’Occident supposément décadent. « Nos observations de ce qui se passe dans les capitales européennes montrent qu’on ne se gêne pas du tout là-bas pour dépasser le cadre de la démocratie lors d’un processus politique », a-t-il affirmé, en référence notamment à l’interdiction en Roumanie d’un candidat d’extrême droite pro-russe de pouvoir participer à la présidentielle.
Le parti de Marine Le Pen a été longtemps lié au Kremlin. Le parti d’extrême droite française avait ainsi effectué un emprunt auprès d’une banque russe en 2014, suscitant des soupçons sur la volonté du Kremlin de soutenir Marine Le Pen, longtemps critique des sanctions occidentales imposées à Moscou après son annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée cette année-là.
Marine Le Pen avait été reçue par Vladimir Poutine le 24 mars 2017 au Kremlin, quelques semaines avant le premier tour de la présidentielle de 2017, qu’elle avait perdue face à Emmanuel Macron. La cheffe de file de l’extrême droite française a toutefois pris ses distances avec la Russie de Vladimir Poutine après le déclenchement de l’offensive russe contre l’Ukraine en 2022, tout en dénonçant les sanctions prises contre la Russie.
Le plus complotiste : Matteo Salvini
Le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini (Lega) a fustigé lundi la « déclaration de guerre de Bruxelles », aux sources selon lui de la condamnation de Marine Le Pen. L’enquête contre les élus du Rassemblement national, dont Marine Le Pen, avait été lancée par une demande du président de l’époque du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz.
Malgré la séparation des pouvoirs en France, le patron du parti d’extrême droite Lega allié au RN au Parlement européen (Patriotes), affirme : « ils voudraient l’exclure de la vie politique ». Pour cet admirateur de longue date du président russe Vladimir Poutine, « ce qui se joue contre Marine Le Pen est une déclaration de guerre de Bruxelles » dans le contexte des « pulsions belliqueuses de von der Leyen et Macron », lance-t-il dans son ton populiste habituel.
Article de Fabien CAZENAVE/Ouest-France
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