2025-03-02 11:40:05 - Pendant près de trente ans, tous ceux qui pouvaient se permettre de payer le billet ont pu voyager à travers le monde à deux fois la vitesse du son.
C’est en 1956 que les entreprises aérospatiales britanniques et françaises commencent à collaborer en vue de la conception d’un avion de transport supersonique. Un accord officiel est scellé fin 1962 et entérine le partage des coûts et des risques.
La British Aerospace et l’Aérospa-tiale sont responsables du projet, tandis que la Rolls-Royce et la Snecma (Société nationale d’étude et de construction de moteurs d’aviation) ont pour charge de développer les moteurs à réaction. Les études sont mises en place. Ravi de cette entente, le président français de l’époque Charles de Gaulle, dans un discours de 1963, baptise lui-même le nouveau modèle Concorde.
Performances incroyables
Le résultat de ces cogitations de part et d’autre de la Manche est un chef-d’œuvre technologique. Grâce à l’élégante conception de son aile delta « ogivale », Concorde profite de la portance tourbillonnaire au décollage et à l’atterrissage. Une configuration qui rend caduque la nécessité de mécanismes complexes et lourds. Son moteur Olympus 593 bénéficie des talents conjoints des ingénieurs des deux pays.
Cependant, les coûts de développement du Concorde sont si importants qu’il s’avère rapidement impossible que l’entreprise rentre dans ses frais. Visiblement, elle ne sera jamais rentable. Néanmoins, ce fleuron aérien prouve que les gouvernements et les fabricants européens peuvent coopérer dans le cadre d’entreprises complexes et contribuer à garantir que l’Europe reste à la pointe technique du développement aérospatial.
Le Concorde peut atteindre une vitesse de croisière maximale de 2 179 km par heure, ou Mach 2,04 (deux fois celle du son), ce qui lui permet de réduire le temps de vol entre Londres et New York à environ trois heures. Il peut aussi voler à des altitudes allant jusqu’à 60 000 pieds (soit ,18 290 m),
Le premier décollage du prototype, nommé 001, construit en France et piloté par André Turcat et Jacques Guignard, a lieu à Toulouse le 2 mars 1969. Il est suivi par celui du prototype 002 britannique, piloté par Brian Trubshaw, à Filton, en Angleterre, un mois plus tard. Le partenariat conduira finalement à la construction de vingt engins entre 1969 et 1979. Seuls quatorze d’entre eux entreront effectivement en service.
Des coûts trop élevés
Le jet supersonique d’Air France et de British Airways va ainsi offrir un voyage luxueux et rapide au-dessus de l’Atlantique et sur bien d’autres itinéraires pendant vingt-sept ans. Le Concorde effectue sa première traversée transocéane le 26 septembre 1973. Un service régulier est assuré à destination de Washington et de New York. D’autres itinéraires seront ajoutés temporairement.
Hélas, la hausse du prix de pétrole et une fréquentation inférieure aux prévisions entravent une éventuelle rentabilisation. De plus, le bruit du supersonique déchaine les critiques. Dernier aléa, un crash désastreux à Paris, en 2000, hâte la fin du mythique avion franco-britannique, qui effectue son dernier vol le 24 octobre 2003.
Article de Françoise SURCOUF.Ouest-France
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