2025-02-26 07:37:09 - Pas de quoi faire retomber les tensions accrues entre Paris et Alger. Des «mesures de restriction de circulation et d’accès au territoire national pour certains dignitaires algériens ont été prises» par la France, a révélé ce mardi 25 février le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot sur BFMTV.
Des mesures «qui sont réversibles et qui s’éteindront dès lors que la coopération à laquelle nous appelons reprendra», a précisé le ministre, à la veille d’une réunion interministérielle sur le contrôle de l’immigration sur fond de crise diplomatique majeure avec Alger. Le chef de la diplomatie française n’a pas précisé depuis quand ces mesures sont en vigueur ni combien de personnes elles visaient.
Ces mesures ont été décidées pour «faire avancer ou de défendre les intérêts des Français», s’est justifié Jean-Noël Barrot, en évoquant la libération de l’écrivain Boualem Sansal incarcéré en Algérie ou encore «la réadmission des Algériens en situation irrégulière». Jean-Noël Barrot s’est également dit «prêt à en prendre davantage» si la coopération franco-algérienne «n’est pas reprise». «Mais je le ferai toujours à bon escient et sans nécessairement en faire la publicité», a-t-il prévenu.
Divisions
Ses déclarations interviennent alors que la position à adopter vis-à-vis d’Alger divise profondément le gouvernement français entre les partisans du «rapport de force», à l’instar du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, et ceux qui plaident pour la voie diplomatique comme Jean-Noël Barrot.
Commencée fin juillet après l’annonce par la France d’un soutien au plan d’autonomie marocain au Sahara occidental, territoire au statut non défini à l’ONU et théâtre d’un conflit depuis un demi-siècle entre le Maroc et les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l’Algérie. La brouille s’est amplifiée avec la détention en Algérie depuis mi-novembre de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Puis l’arrestation en ce début d’année, en France, de plusieurs influenceurs algériens et franco-algériens pour apologie de la violence.
Et encore un peu plus depuis samedi : un Algérien de 37 ans en situation irrégulière est accusé d’avoir tué à l’arme blanche une personne et d’en avoir blessé sept autres samedi à Mulhouse (Est de la France). Le Premier ministre François Bayrou a depuis chargé l’Algérie, jugeant «inacceptable» son refus à dix reprises de reprendre l’assaillant présumé et promettant de montrer la «détermination» de Paris, qui pourrait engager des mesures de rétorsion dès cette semaine, notamment sur les visas.
Article de LIBERATION, AFP/Photo:Emmanuel Croset
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