2025-02-18 21:09:13 - Présent samedi 15 février au sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba (Éthiopie), le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a insisté sur la nécessité d’« éviter à tout prix une escalade régionale » du conflit armé à l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Ce scénario tant redouté semble se dessiner sous les yeux impuissants de la communauté internationale, tandis que le Mouvement du 23 mars (M23) et les forces rwandaises ont pris successivement le contrôle de l’aéroport de Kavumu, puis de la ville de Bukavu dimanche 16 février, leur donnant la mainmise sur la partie occidentale du lac Kivu. Tous ont en mémoire les deux guerres du Congo (1996-1997 et 1998-2003), qui ont entraîné neuf pays africains dans un engrenage mortifère et causé la mort de six millions de personnes.
Les craintes de l’Ouganda et du Burundi
Cette fois-ci, en sus des troupes sud-africaines, le Burundi et l’Ouganda, déjà présents sur place, pourraient intensifier leurs actions militaires. Pour le premier, c’est la crainte de la chute du régime congolais qui prime, avec, en ligne de mire, celle que son voisin et ennemi rwandais poursuive sa conquête au-delà du Sud-Kivu jusqu’à la frontière, voire jusqu’à Bujumbura. Le président Évariste Ndayishimiye s’est dit persuadé que son homologue rwandais, Paul Kagame, « veut venir au Burundi » et que « la guerre va s’étendre ». Raison pour laquelle il a déployé des milliers de soldats burundais aux côtés des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
Pour le second, il s’agit de ménager la chèvre et le chou. D’un côté, l’Ouganda soutient les FARDC dans leur lutte contre les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF), autre menace pour Kinshasa, accusés d’avoir commis des attentats sur le sol ougandais.
Même prétexte à Bunia, dans la province de l’Ituri, où la population s’inquiète d’une occupation ougandaise dans la région sous couvert d’opérations militaires contre les miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo. Dans le même temps, Kampala est tancé par des experts de l’ONU pour sa complicité avec le M23 : l’Ouganda leur aurait servi de base arrière, ce que nie fermement son président Yoweri Museveni. Le pays est également pointé du doigt pour convoiter et exploiter de longue date, tout comme le Rwanda, les ressources naturelles dans l’est de la RDC.
Balkanisation de la RDC
Le sommet de Dar es Salam qui s’est tenu il y a une dizaine de jours en Tanzanie entre les dirigeants d’Afrique de l’Est et ceux d’Afrique australe – en présence du président Kagame et de son homologue congolais, Félix Tshisekedi – avait deux objectifs, à savoir la mise en place d’un cessez-le-feu immédiat et la recherche d’un semblant d’unité pour tenter de circonscrire le conflit. L’échec est double.
Article de Antoine Portoles-L'Humanité / Titre: AM
: Afrique Monde