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Cuba : Cuba retirée de la liste États soutenant le terrorisme : une victoire historique

2025-01-16 09:06:39 - Cuba sort enfin d’une liste sur laquelle elle n’aurait jamais dû figurer. Ce 14 janvier, le président états-unien, Joe Biden, a annoncé le retrait de la Grande Île de la liste des États soutenant le terrorisme. Cette inscription par Donald Trump, lors de son premier mandat, visait à sanctionner les efforts diplomatiques de La Havane en faveur d’un processus de paix en Colombie. 

Au prétexte que Cuba avait invité des membres de l’Armée de libération nationale dans le cadre des pourparlers avec le gouvernement, le pays caribéen a subi la plus lourde des mesures de rétorsion, en plus de supporter le blocus le plus long de l’histoire. Ce blocus édicté en 1962 entrave son développement.
 
L’Assemblée générale des Nations unies exige massivement sa levée depuis des années. À l’instar des 243 mesures de sanction contre la Grande Île prises pendant la pandémie par Donald Trump, le blocus reste en vigueur. En clair, les États-Unis continuent de miser sur l’effondrement économique et la chute de la révolution.
 
Une victoire politique majeure
 
La décision de Joe Biden s’accompagne de deux autres mesures : pendant six mois, le titre III de la loi Helms-Burton, datant de 1996, est suspendu. La législation universalisait le blocus en punissant les entreprises étrangères qui commercent avec Cuba. Par ailleurs, la liste des entités cubaines soumises à des restrictions est supprimée. Celle-ci désignait un groupe d’entreprises, dont des hôtels, avec lesquelles il était interdit d’effectuer des transactions financières.
 
Le retrait de Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme n’en constitue pas moins une victoire politique majeure. L’acte a été salué comme tel par le président cubain Miguel Diaz-Canel : « Il s’agit d’une décision qui va dans la bonne direction, bien que tardive et de portée limitée », a souligné le chef de l’État. Il précise : « Nous continuerons à affronter et à dénoncer la guerre économique et les actions d’ingérence, de désinformation et de discrédit financées par les fonds fédéraux américains. Dans le même temps, nous ne renoncerons pas à développer des relations civilisées et respectueuses de notre souveraineté avec les États-Unis. »
 
Dans la foulée, Miguel Diaz-Canel a annoncé la libération de 553 personnes incarcérées pour divers délits « comme il est d’usage dans notre système judiciaire », précise-t-il, et conformément aux engagements qu’il avait pris auprès du Vatican en janvier. Aucune précision n’a été apportée quant à la libération des Cubains ayant participé au mouvement de protestation de juillet 2021. À Holguin (est) ou à Varadero (nord), les manifestations avaient pris un tour violent avec l’attaque de commissariats, de congrès de province ou d’autres institutions étatiques.
 
Le risque d’un retour des sanctions avec Trump
 
L’acte de Joe Biden souligne l’importance et l’utilité des mobilisations comme celles de nombreux gouvernements, en particulier d’Amérique latine et des Caraïbes. Ainsi, le président colombien Gustavo Petro a lancé à l’adresse de la future administration Trump : « Les États-Unis ont deux manières d’interagir avec l’Amérique latine : soit en dialoguant dans la diversité, soit en imposant la force. (…) J’espère du nouveau gouvernement américain un dialogue et une compréhension civilisée. »
 
Côté européen, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, qui avait initié une campagne de solidarité avec Cuba après une rencontre avec Miguel Diaz-Canel en décembre 2022, a salué ce « premier pas vers le respect du droit international ». « Nous continuerons à nous battre maintenant pour lever le blocus criminel et illégal. » Une lutte d’autant plus nécessaire que le blocus dénie au peuple cubain le droit d’exercer sa libre détermination en violation de la charte des Nations unies.
 
Il est hautement probable que, dès son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump rétablisse les mesures levées par son prédécesseur. Cette « guerre économique (a) un coût humain élevé pour la population, et continue à être un stimulant pour l’émigration », reconnaît le journal cubain Granma. 10 % de la population se serait lancée sur les routes migratoires entre 2021 et 2023, selon l’Office national de la statistique.
 
Accroissement du blocus, unification monétaire, catastrophes naturelles… Cuba connaît sa pire crise depuis la période spéciale des années 1990. Malgré la résistance de la population, le mécontentement pointe face à la dureté des conditions de vie et aux difficultés d’accès aux produits de base. C’est le cas du frein absurde à l’importation en carburant, qui rend la vie impossible aux citoyens comme aux entreprises et aux hôpitaux. Personne n’a intérêt, y compris aux États-Unis, à ce que Cuba devienne un État failli, à l’image d’Haïti.
 
Article de Lina Sankari-L'Humanité

: Afrique Monde