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USA: Kamala Harris cale, les démocrates paniquent

2024-10-17 12:53:58 - C'est de saison avec Halloween qui approche : alors que la campagne de Kamala Harris fait du sur-place, les démocrates commencent sérieusement à avoir peur. À moins de trois semaines du scrutin, et alors que plus de trente États ont déjà commencé à voter, les deux candidats restent au coude-à-coude dans les sondages, mais c'est Donald Trump qui semble avoir le « momentum » dans la dernière ligne droite.

Après la « Kamalamania » de l'été ? qui devait beaucoup au simple soulagement de voir Joe Biden passer la main ? et après sa bonne performance lors du débat télévisé du 10 septembre, la vice-présidente avait endossé, malgré des sondages serrés, le costume de la favorite. Mais ces dernières semaines, Harris retombe dans ses travers de la primaire de 2020, avec un manque de substance et de précision criant, surtout en interview.

Esquive et platitudes

La démocrate a accordé peu d'entretiens aux médias américains traditionnels ? on attend toujours qu'elle se livre au difficile exercice d'une véritable conférence de presse face à la meute des journalistes. Le plus souvent, elle esquive les questions difficiles et répète, tel un disque rayé, qu'elle a un « plan » pour créer une « opportunity economy ». Mais même face au bienveillant animateur Stephen Colbert, elle a été incapable de citer la moindre différence fondamentale entre elle et Joe Biden, listant, à la place, une série de platitudes.

Sur CBS, la semaine dernière, sa réponse sur les difficiles relations avec Netanyahou a tourné à une incompréhensible salade de mots : « Eh bien, Bill, le travail que nous avons fait a eu pour résultat un certain nombre de mouvements dans cette région de la part d'Israël qui sont le résultat de nombreuses choses, y compris de notre plaidoyer pour ce qui doit se passer dans la région. »

Ce gloubi-boulga, que CBS avait diffusé dans la semaine, a d'ailleurs été remplacé le dimanche, dans l'émission 60 Minutes, par une réponse bien plus concise. Donald Trump a crié à la collusion, exigeant que la chaîne publie une version sans montage de l'interview, en vain.

À LIRE AUSSI « Arabe américaine, je ne voterai ni pour Harris ni pour Trump » L'ancien stratège de Barack Obama, David Axelrod, a insisté sur CNN : « C'est l'entretien d'embauche le plus difficile de la planète. Kamala Harris a besoin d'interagir avec les médias et les électeurs de manière plus substantielle. »

Aucune marge de sécurité

Depuis dix jours, les fuites se multiplient dans les médias américains. Des cadres démocrates critiquent une campagne qui la joue trop « safe », comme si Harris se contentait de défendre une avance pourtant inexistante. Ils semblent avoir été entendus : la vice-présidente s'est enfin aventurée en terrain ennemi et a accordé une interview à Fox News ce mercredi. Si elle a esquivé sur l'immigration en pivotant systématiquement sur Donald Trump, elle a semblée plus à l'aise dans un entretien combatif. Elle répondra également à des questions d'Américains sur CNN le 23 octobre.

Alors que des sondages signalent une percée de Donald Trump dans l'électorat masculin chez les latinos et les Afro-Américains, Harris vient de dévoiler une série de propositions économiques ciblant les électeurs noirs. Au programme : des aides financières à la création d'entreprise et la légalisation du cannabis récréatif « afin de créer des opportunités » pour les entrepreneurs afro-américains. Face à l'influent animateur radio Charlamagne tha God, mardi 15 octobre, elle s'est défendue de toute stratégie électoraliste, assurant qu'elle voulait simplement « réduire les inégalités ».

À LIRE AUSSI Présidentielle américaine : peut-on, cette fois-ci, faire confiance aux sondages ? Du côté sondages, l'écart entre Kamala Harris et Donald Trump tient toujours dans un mouchoir. Mais le républicain a grignoté entre 0,5 et 1 point en une semaine dans les sept « swing states » (« États pivots »), qui s'annoncent décisifs. Harris n'a plus aucune marge dans les trois États du nord des États-Unis qui peuvent lui assurer la victoire (Pennsylvanie, Michigan et Wisconsin). Pour la première fois depuis l'été, les parieurs misent davantage sur une victoire de Donald Trump sur les sites PredictIt et PolyMarket.

Kamala Harris l'a compris : il y a urgence. L'ancienne procureure doit sillonner six États en six jours cette semaine ? Wisconsin, Michigan, Pennsylvanie, Caroline du Nord, Géorgie et Nebraska ? avec dix-neuf étapes prévues. Un véritable marathon pour éviter que, le 5 novembre, le fantôme d'Hillary Clinton ne revienne hanter les démocrates.

Par Philippe Berry  en Californie,Le Point - Berry Photo:Yassine Mahjoub/Sipa

 

: Afrique Monde