2022-11-18 21:19:54 - Le gouvernement français a annoncé la suspension de son aide au développement au Mali dans un contexte de tensions avec la junte militaire qui contrôle le pays depuis le coup d'État de 2020, en partie à cause du déploiement de mercenaires du groupe Wagner, détenu par un oligarque proche du président russe Vladimir Poutine.
"Compte tenu de l'attitude de la junte malienne, qui s'est alliée aux milices de Wagner, nous estimons que les conditions ne sont pas réunies pour poursuivre nos projets d'aide publique au développement et que le risque d'un changement de leur finalité est très élevé", a déclaré un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
Il a toutefois souligné que Paris "maintient l'aide d'urgence et l'action humanitaire dans le pays africain". Des sources diplomatiques françaises citées par le journal "Le Monde" ont précisé que la décision avait été prise "il y a deux ou trois semaines", une mesure qui a suscité les critiques d'un groupe d'organisations non gouvernementales.
Coordination Sud, qui regroupe 35 ONG actives dans le pays africain, a envoyé un courriel avertissant que la mesure "entraînera l'arrêt d'activités essentielles (...) au profit de populations en situation de grande pauvreté".
Les organisations ont déclaré que la suspension de l'aide au développement par la France mettrait en péril 70 projets de développement au Mali, où 7,5 millions de personnes, soit 35 % de la population, ont besoin d'une aide humanitaire pour survivre.
Cette annonce intervient quelques jours après que le président français Emmanuel Macron a officialisé la fin de l'opération Barkhane au Sahel, dans un contexte de retrait des troupes internationales en raison des tensions avec la junte militaire, qui a reporté les élections à la suite des coups d'État d'août 2020 et de mai 2021.
La junte, dirigée par Assimi Goita, est confrontée à un isolement international croissant. En effet, le Royaume-Uni et la Côte d'Ivoire ont récemment annoncé le retrait de leurs troupes de la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies au Mali (MINUSMA), une décision motivée dans le cas de Yamoussoukro par l'arrestation, en juillet, de près de 50 militaires ivoiriens à l'aéroport de Bamako.
Par ailleurs, le gouvernement tchèque a confirmé qu'il fermerait son ambassade à Bamako, une décision liée à la fin des activités de l'armée tchèque dans le cadre de la mission de formation de l'Union européenne (UE) dans le pays africain en raison des tensions avec la junte.
"Cette mission se termine avant la fin de l'année et les soldats se retirent du Mali en raison des turbulences politiques", a déclaré début novembre le secrétaire d'État tchèque aux affaires étrangères, Radek Rubes, déplorant que le Mali "s'éloigne totalement de l'Europe et des valeurs européennes".
Par Camile Martin - News 360 - Photo: - HABIB KOUYATE
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