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Taïwan : Washington « paiera le prix » en cas de visite, prévient Pékin (vidéo )

2022-08-02 16:09:45 - La tension monte encore. Alors qu'une potentielle visite de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi pourrait avoir lieu à Taïwan, Pékin a ? de nouveau ? menacé les États-Unis. Washington « paiera le prix » en cas de visite, a prévenu Pékin. « Les États-Unis auront assurément la responsabilité [des conséquences] et devront payer le prix de leur atteinte à la souveraineté et à la sécurité de la Chine », a indiqué devant la presse une porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying.

Plus tôt mardi, le ministère de la Défense taïwanais avait affirmé être « déterminé, capable et confiant » qu'il pourra protéger l'île contre les menaces accrues de la Chine, toujours en marge d'une éventuelle visite de Nancy Pelosi. « Nous préparons méticuleusement plusieurs plans et les troupes adéquates seront déployées pour répondre [?] à la menace posée par l'ennemi », a assuré le ministère dans un communiqué. 

Pékin considère l'île comme une partie de son territoire à réunifier, par la force si nécessaire, et a plusieurs fois mis en garde Washington contre une visite de la haute responsable qui serait vécue comme une provocation majeure. Dans la foulée des menaces chinoises, la Russie, un allié majeur de la Chine, a accusé les États-Unis de « déstabiliser le monde ». « Washington déstabilise le monde. Pas un seul conflit réglé dans les dernières décennies, mais plusieurs provoqués », a déclaré, sur son compte Telegram, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. Quelques instants plus tard, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Pesko, a qualifié cette hypothétique visite de « pure provocation ». « Cela aggrave la situation dans la région et renforce les tensions », a déclaré l'officiel russe à la presse. 

Pelosi entretient le mystère 

Nancy Pelosi s'est rendue en Malaise mardi, où elle a rencontré le Premier ministre et le président de la chambre basse du Parlement, lors de la deuxième étape d'un voyage en Asie qui suscite des spéculations autour d'une potentielle visite à Taïpei. Des journalistes de l'Agence France-Presse ont vu l'officielle américaine sortir d'un hôtel de la capitale malaisienne et entrer dans un SUV. Son cortège est ensuite reparti sous haute sécurité. Après Singapour et la Malaisie, son itinéraire prévoit des étapes en Corée du Sud et au Japon. Le flou est sciemment entretenu autour d'un possible arrêt à Taïwan. Dans un communiqué, Nancy Pelosi a simplement indiqué : « Nous sommes engagés dans un large éventail de discussions sur le moyen d'atteindre nos objectifs communs et sécuriser l'Indo-Pacifique. » 

Plusieurs médias taïwanais ont relayé des commentaires du vice-président du Parlement de l'île, Tsai Chi-chang, affirmant qu'il était « très probable » que Mme Pelosi vienne dans les prochains jours. Le journal taïwanais Liberty Times a cité des sources anonymes selon lesquelles Nancy Pelosi atterrirait sur l'île mardi soir et rencontrerait Mme Tsai le lendemain, avant de repartir dans l'après-midi. Si la Maison-Blanche se montre gênée par la situation, John Kirby, son porte-parole, a affirmé lundi que Mme Pelosi avait « le droit de visiter Taïwan ». « Il n'y a pas de raison pour que Pékin fasse de cette visite, qui ne déroge pas à la doctrine américaine de longue date, une forme de crise », a-t-il ajouté. 

Même si la plupart des observateurs jugent faible la probabilité d'un conflit armé, des responsables américains ont dit se préparer à de possibles démonstrations de force de l'armée chinoise, comme des tirs de missiles dans le détroit de Taïwan ou des incursions aériennes massives autour de l'île. La présidente de la Chambre voyage à bord d'un avion militaire et bien que Washington ne craigne pas d'attaque directe, le risque d'une « erreur de calcul » est bien présent. 

Taïwan et les États-Unis, une « ambiguïté stratégique »

Les États-Unis pratiquent à l'égard de Taïwan une diplomatie dite d'« ambiguïté stratégique », consistant à ne reconnaître qu'un seul gouvernement chinois, celui de Pékin, tout en continuant à apporter un soutien décisif à Taïpei. Washington s'abstient toutefois de dire si les États-Unis défendraient ou non militairement l'île en cas d'invasion. John Kirby a réitéré que cette politique restait inchangée. Le gouvernement taïwanais s'est pour sa part abstenu de tout commentaire concernant une visite de Nancy Pelosi. Interrogé par des journalistes, le Premier ministre Su Tseng-chang n'a pas confirmé la visite mardi, mais a remercié Nancy Pelosi pour son soutien. 

Les 23 millions de Taïwanais vivent sous la menace constante d'une invasion de la Chine, cette crainte s'étant renforcée depuis l'arrivée au pouvoir du président Xi Jinping, qui a fait de la réunification une priorité. La semaine dernière, lors d'un entretien téléphonique avec le président américain, Xi avait appelé les États-Unis à ne « pas jouer avec le feu ». 

« Telle que nous la voyons, pareille visite semble très dangereuse et très provocatrice », a renchéri lors d'une conférence de presse l'ambassadeur chinois aux Nations unies, Zhang Jun. « Si cette visite a lieu, elle affaiblira également la relation entre la Chine et les États-Unis, je suis sûr que les États-Unis comprennent cela. » Pour appuyer leur message, les militaires chinois ont diffusé lundi sur Internet une vidéo au ton martial montrant des soldats criant qu'ils sont prêts au combat, des chasseurs en train de décoller ou encore une pluie de missiles anéantissant diverses cibles. 

« La probabilité d'une guerre ou d'un incident grave est faible », a cependant tweeté Bonnie Glaser, directrice du programme Asie du think tank américain German Marshall Fund. « Mais la probabilité que [la Chine] prenne une série de mesures militaires, économiques et diplomatiques pour montrer sa force et sa détermination n'est pas négligeable », a-t-elle ajouté. « Il est probable qu'elle cherchera à punir Taïwan de multiples façons. » La présidente de la Chambre des représentants serait, si sa visite se confirmait, la plus haute responsable américaine à visiter Taïwan depuis son prédécesseur Newt Gingrich en 1997.

Source AFP 

 

 

 

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