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Présidentielle 2022: Eric Zemmour double Marine Le Pen et s'ouvre les portes du second tour

2021-10-06 16:47:38 - SONDAGE EXCLUSIF - Toujours pas officiellement candidat, le polémiste d’extrême droite affiche une progression fulgurante, qui le place en deuxième position des intentions de vote. Du jamais-vu dans l’histoire politique.

Un tremblement de terre. Dans notre sondage Harris Interactive, Eric Zemmour double Marine Le Pen et se qualifie virtuellement pour le second tour de la présidentielle. L’éditorialiste d’extrême droite, qui n’a toujours pas déclaré sa candidature et fait figure de novice en politique, gagne quatre points et se hisse à 17% des intentions de vote, quand la patronne du Rassemblement national, en chute libre depuis l’été (-13 points), tombe à 15%.

Si la présidentielle avait lieu ce dimanche, c’est bien lui qui affronterait Emmanuel Macron au deuxième tour – et non la fille de Jean-Marie Le Pen. Un scénario improbable, inconcevable, que même les plus proches soutiens du polémiste n’imaginaient pas "avant plusieurs semaines". Les chiffres ont de quoi donner le vertige: en moins d’un mois, Eric Zemmour a plus que doublé son score, passant de 7% à 17% des intentions de vote et distançant un à un ses concurrents: Anne Hidalgo le 15 septembre ; Valérie Pécresse le 29 septembre ; Xavier Bertrand et Marine Le Pen, le 6 octobre. "Jamais nous n’avions assisté à une ascension aussi fulgurante en si peu de temps", souligne Jean-Daniel Lévy, directeur délégué de Harris Interactive.

Le RN frappé au coeur

S’il a bénéficié d’une exposition médiatique inédite, et du débat face à Jean-Luc Mélenchon sur BFMTV le 23 septembre, Eric Zemmour profite surtout de l’écroulement de Marine Le Pen. "On assiste à l’effondrement du cœur même de son électorat, analyse Jean-Daniel Lévy. Alors qu’elle parvenait à conserver une bonne partie de son électorat de 2017, les transferts en direction d’Eric Zemmour se sont accélérés, dans un phénomène de vases communicants."

L’édifice lepéniste s’était déjà fissuré en juin, au lendemain d’élections régionales et départementales décevantes, la formation de Marine Le Pen s’avérant incapable de s’adjuger le moindre exécutif local. Et, depuis des mois, les signaux faibles s’accumulaient: aux municipales de 2020, le parti à la flamme n’avait pu aligner que 459 listes au premier tour contre près de 600 six ans plus tôt, conséquence de la défection de près d’un tiers de ses 1.500 conseillers municipaux en cours de mandat. Et le montant des adhésions au parti a lui-même chuté de plus de 50% entre 2016 et 2019.

Surtout, Marine Le Pen se révélant incapable de battre Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle, le doute s’est propagé dans ses rangs. Une brèche dans laquelle s’est engouffré Eric Zemmour en déclarant que "tout le monde avait compris qu’elle ne gagnerait jamais". Des coups qui ont porté.

"Beaucoup d’électeurs lepénistes ont compris que le RN était dans une impasse et qu’il ne parviendrait jamais à dépasser 50% des voix", indique Antoine Diers, porte-parole des Amis d’Eric Zemmour. Malgré la mauvaise passe de Marine Le Pen, ses fidèles estiment qu’il s’agit d’un mouvement passager, et que la présence d’Eric Zemmour "recentre" leur candidate. "Zemmour est une concurrence sur le créneau de l’ancien Front national de Jean-Marie Le Pen. C’est Jean-Marie Le Pen en moins bien", tance le conseiller régional RN d’Ile-de-France Wallerand de Saint-Just.

Bertrand, victime collatérale

Marine Le Pen n’est pas la seule victime de l’ascension d’Eric Zemmour. En prenant 31% de l’électorat Fillon de 2017, la candidature de l’éditorialiste "fige" Xavier Bertrand, le candidat pressenti de la droite, en lui ôtant toute marge de progression. Le président des Hauts-de-France régresse d’un point, à 13% des intentions de vote, et voit le second tour s’éloigner.

Second tour où Eric Zemmour réalise une percée inattendue à 45% des intentions de vote. Un score qui s’explique par la très forte démobilisation de l’électorat de gauche – plus de la moitié des électeurs mélenchonistes et écologistes (51%) ne choisiraient pas entre Macron et Zemmour – et par la "zemmourisation" de la droite qui se reporterait davantage sur le polémiste (38%) ou l’abstention (33%) qu’Emmanuel Macron (29%). Quant aux électeurs de premier tour d’Eric Zemmour, ils lui reconduiraient massivement leur confiance au second tour (98%) car, explique Jean-Daniel Lévy, "il s’agit d’un électorat assez âgé, plutôt aisé, avec un niveau d’information élevé qui vote en connaissance de cause". Avec la ferme intention de renverser la table.

 Rémi Clément - Challenges

: Afrique Monde