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Touristes de retour de Martinique et de Guadeloupe : «C’est la dernière fois qu’on fait un voyage Covid»

2021-08-14 11:43:22 - «Les restrictions, non merci», soupire Suzie, 34 ans, qui s’apprête à installer ses nombreux bagages et ses quatre enfants dans un taxi van en direction de Corbeil-Essonnes (Essonne). Il était hors de question pour la famille de rester plus longtemps à Fort-de-France.

La Martinique est soumise à des restrictions renforcées depuis mardi soir dans l’espoir d’éteindre la flambée catastrophique du virus. Sur l’île, les limitations de déplacement sont passées de dix à un kilomètre autour du domicile, plages et lieux de culture ont fermé, le tout sur ordre du préfet en début de semaine.

De quoi décourager les touristes en vacances ou qui rendent visite à leur famille, d’ailleurs appelés à rentrer chez eux. «On y est en vacances, pour voir de la famille, donc si tout est fermé, ça ne sert à rien. Moi, ce que j’aime, c’est faire du shopping avec les enfants. Plage, rivière… On ne peut plus rien faire, on préfère rentrer chez nous», ajoute la jeune femme.

Bitume francilien

Les voyageurs venus de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) et Fort-de-France (Martinique) se sont succédés toute la matinée à l’aéroport d’Orly (Ile-de-France). Personne n’est ravi de retrouver le bitume francilien, et la contrariété de leur retour précipité occulte pour l’heure la situation des hôpitaux saturés qu’ils laissent derrière eux.

Philippe et Christine, la cinquantaine, rendaient visite à leur belle-fille en Martinique. «On a vraiment le sentiment de vacances gâchées», lâche Philippe sous son chapeau. «C’est la première et dernière fois qu’on fait un voyage Covid», ajoute Christine. Après une semaine «impec» à Sainte-Luce, «même si les restos étaient fermés», le couple s’est rendu à l’évidence. Malgré la piscine et la villa, «on ne pouvait plus rien faire, alors on a changé les billets dans la foulée des annonces du préfet», expliquent-ils avant de sauter dans leur prochain vol pour la Suisse.

Les vacances de Marine et Alex étaient, elles, prévues depuis plus de six mois. Les trentenaires, partis avec Olivia, 15 mois, installée dans sa poussette, tirent des mines dépitées à l’idée de «rester à l’appart», dans le Val-d’Oise, pour terminer leurs vacances : «Après les annonces du préfet, on n’a pas eu le choix, comme depuis le début du Covid de toute façon.» Et puis «on a payé 200 euros pour échanger les billets», déplore Marine sous sa casquette, qui s’apprête à «envoyer des mails à la compagnie aérienne».

Sept jours à l’isolement

Face à la «demande significative des clients pour voyager vers la métropole», comme l’atteste un porte-parole d’Air France, les avionneurs se sont organisés. La compagnie française a ainsi prévu des avions d’une plus grande capacité sur ses trajets vers Paris, et les conditions d’échange ont été assouplies. Côté Air Caraïbes, où l’on assure aussi que les clients peuvent désormais modifier leurs billets sans frais depuis mercredi, «on n’a pas observé une demande massive de retour donc on a pu les absorber sur nos vols. Là, on était plein, donc on a rajouté un arrêt à Fort-de-France sur le vol entre Saint-Martin et Paris demain pour lequel on prend 150 passagers».

Ces retours ne sont pas que des vacances avortées, c’est aussi parfois des projets bouleversés. Christine est en train de monter une entreprise dans le secteur du tourisme à Fort-de-France. Elle va devoir «terminer les papiers administratifs» de Paris, raconte-t-elle derrière ses lunettes fumées. Seule bonne nouvelle dans sa déconvenue : la crise sanitaire sans précédent en Martinique lui a servi d’électrochoc. Elle est désormais convaincue de devoir se faire vacciner. «Il faut prendre conscience de la situation.» En attendant le vaccin, elle va devoir s’isoler sept jours, comme le prévoient les recommandations gouvernementales pour les non-vaccinés.

Par Justine Daniel - Photo : LIONEL CHAMOISEAU


 

: Afrique Monde