2025-04-10 02:15:39 - Les mots sont violents, les mails et appels récurrents. Depuis le 6 février dernier, après la décision de la cour administrative d’appel de Bordeaux qui ordonne à la mairie de Biarritz de débaptiser la rue et le quartier de «La Négresse» dans sa commune, l’association Mémoires et Partages qui réclame ce changement de nom, reçoit un grand nombre d’insultes et menaces. Parmi elles : «Soit vous arrêtez vos conneries, soit je règle les choses... Ce sera dans le coffre et hop, dans l’Adour. Je suis payé pour ça... bande de fils de p*te. J’ai vos plaques d’immatriculation, vos adresses... Je ne suis pas sûr que la police vous protégera», évoque l’association dans une publication sur Instagram, repérée par Sud Ouest .
D’autres messages tels que «Rentrez chez vous» ou «Retourne en Afrique» font également partie de la liste. En plus de ces nombreux mails anonymes et commentaires virulents sur les réseaux sociaux, Mémoires et Partages reçoit des appels téléphoniques. «Quand nous décrochons, l’interlocuteur raccroche», indique au Figaro Karfa Diallo, fondateur de l’association.
Face à cette vague de haine qui ne faiblit pas, les représentants de Mémoires et Partages ont déposé plainte ce mardi 8 avril contre X pour cyberharcèlement et menaces de mort. Karfa Diallo, par ailleurs élu écologiste au conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine, a également porté plainte de son côté pour les mêmes motifs auprès du procureur de la République de Bordeaux. «Je ne cache pas que c’est très dur de recevoir ces messages. Jamais je n’aurais pensé que six ans plus tard, après le début de l’affaire, on en serait là. Tant de violence après une décision de justice... Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans ce pays», confie Karfa Diallo, ému et las.
Une nouvelle décision de justice pourrait raviver les tensions
Le 17 avril prochain, la cour administrative d’appel de Bordeaux doit de nouveau rendre une décision. En février dernier, elle avait ordonné l’abrogation, dans un délai de trois mois, de deux délibérations municipales de 1861 et 1986, attribuant le nom de «La Négresse» à un quartier et une rue. Problème : «Cette délibération n’existe pas», a déclaré Maider Arosteguy au Figaro. L’avocat de la Ville, Me Pierre Cambot, avait alors introduit une «requête en rectification d’erreur matérielle» auprès de la cour d’appel le 5 mars dernier. Cette nouvelle décision à venir «inquiète» l’association, craignant de voir un torrent d’insultes et de menaces fleurir encore une fois.
Karfa Diallo aimerait que la maire LR de Biarritz, Maider Arosteguy, calme un peu les tensions. «Mais au lieu de cela, elle a mis en place un cahier de doléances pour inviter les Biarrots qui regretteraient la décision de justice de la cour administrative d’appel de Bordeaux à se manifester», poursuit le fondateur de Mémoires et Partages. De son côté, la maire assure «tout comportement déviant est inacceptable et condamnable». «Il pourrit le débat public. Dans cette affaire, la Ville de Biarritz fait valoir son histoire, ses droits et le Maire, avec le soutien des avocats de la Ville, porte la voix d’un territoire qui ne saurait injustement être mis à l’index. J’appelle à la sérénité dans l’attente des décisions de justice à venir», a indiqué Maider Arosteguy dans un message au Figaro, étant actuellement en déplacement à l’étranger.
Article de Emma Ferrand - Le Figaro
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