2025-04-10 01:37:53 - Une centaine de jeunes se sont rassemblés mardi à Bamako pour protester contre les "agissements de l'Algérie" envers le Mali. Ce dernier accuse son voisin du Nord d'avoir détruit un drone de son armée en territoire malien, fin mars.
La tension ne faiblit pas entre le Mali et l'Algérie. Une centaine de jeunes ont manifesté mardi 8 avril à Bamako pour protester contre les "agissements de l'Algérie" envers leur pays. Alger est accusé d'avoir détruit, fin mars, un drone de son armée en territoire malien.
L'incident a depuis provoqué dimanche des rappels respectifs d'ambassadeurs. Parallèlement, chaque pays a fermé lundi son espace aérien à l'autre.
La manifestation devant l'ambassade d'Algérie, située dans un quartier populaire de Bamako, a eu lieu à l'appel d'un mouvement de la société civile, "Sentinelle debout pour le Mali", selon un journaliste de l'AFP.
Encadrés par des forces de sécurité, les protestataires ont scandé des slogans hostiles à l'Algérie, qualifiée d'"État terroriste" et "ingrat", et à l'inverse encensé l'armée malienne et l'Alliance des États du Sahel (AES) – une confédération formée des régimes militaires du Mali, du Burkina et du Niger.
"Montrer le mécontentement du Mali"
En solidarité avec le Mali, Ouagadougou et Niamey ont rappelé dimanche leurs ambassadeurs à Alger, une décision suivie par une mesure de réciprocité.
"Nous voulons montrer le mécontentement du Mali et des Maliens face aux agissements de l'Algérie", a déclaré à l'AFP Mohamed Kassoum Djiré, président du mouvement à l'initiative de la manifestation.
De son côté, l'ex-ministre et diplomate algérien Abdelaziz Rahabi a estimé sur X que les déclarations du Mali et de l'AES étaient "excessives, belliqueuses et non conformes à la réalité de la situation".
"Elles ne favorisent pas l'apaisement recherché par l'Algérie dans sa profondeur stratégique naturelle que le Mali s'emploie à transformer en une zone de confrontation entre les grandes puissances et un espace de lutte d'influence entre les puissances régionales."
Alger rejette de "graves accusations"
Dans un communiqué mardi, l'Algérie a rejeté les "graves accusations" portées par le Mali. Selon Alger, les données radars de son ministère de la Défense "établissent clairement la violation de l'espace aérien de l'Algérie" par un drone de reconnaissance venu du Mali.
Selon Bamako, une enquête "a conclu avec une certitude absolue que le drone a été détruit" à la suite d'une "action hostile préméditée du régime algérien". Depuis plusieurs années, le Mali reproche à Alger d'entretenir une "proximité avec les groupes terroristes", notamment dans la région frontalière.
Dans un communiqué transmis mardi à l'AFP, une organisation d'opposants en exil, le "Gouvernement de la transition civile du Mali", a dit sa "profonde inquiétude face à la dérive militaro-diplomatique dans laquelle s'est engagée" selon eux la junte malienne.
"Ce nouvel épisode, amplifié par une rhétorique belliqueuse, témoigne d'un isolement croissant de notre pays et d'une politique étrangère menée dans l'opacité, sans consultation nationale, et au mépris des intérêts fondamentaux du peuple malien", ajoutent ces opposants.
"Les éléments de langage incendiaires, les accusations dépourvues de preuves tangibles, les ruptures unilatérales de dialogue ne servent ni la paix, ni la sécurité régionale, ni l'image du Mali", estiment-ils.
Avec AFP
: Afrique Monde