2025-03-16 18:28:07 - La justice algérienne continue de faire le ménage dans les affaires de corruption qui ont marqué le régime d'Abdelaziz Bouteflika. Une nouvelle enquête judiciaire a révèlé un vaste scandale impliquant Ahmed Karim Benmansour, neveu de l’ancien président, qui aurait monopolisé le marché de l’affichage urbain grâce à des connexions politiques influentes. Aujourd’hui, il serait en fuite en Suisse, indique le quotidien El Watan.
Les investigations menées par le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed ont mis au jour des pratiques frauduleuses ayant permis à Benmansour de dominer le marché de l’affichage publicitaire en Algérie pendant plus de 10 ans. Grâce à son entreprise Innomedia, ce dernier aurait bénéficié de contrats publics avantageux obtenus avec l’appui de figures du régime Bouteflika.
Deux anciens hauts responsables sont particulièrement mis en cause dans cette affaire. Salah Eddine Dahmoune, ex-ministre de l’Intérieur, est actuellement en détention provisoire. Mokhtar Reguig, ancien chef du protocole présidentiel, est déjà incarcéré pour d’autres faits. Selon les éléments de l’enquête, ces personnalités auraient usé de leur influence pour faciliter l’attribution de marchés publics à Innomedia, en exerçant des pressions sur des responsables locaux.
Une ascension rapide stoppée net par la chute du régime
Entre 2008 et 2018, Innomedia s’est imposée comme un acteur incontournable de l’affichage publicitaire urbain en Algérie. Grâce à des contrats exclusifs, l’entreprise a éliminé toute concurrence et capté une grande partie des revenus du secteur.
Jusqu’en 2019, le nom de Benmansour était synonyme de puissance dans le domaine publicitaire. Son influence était telle que certains médias s’étaient intéressés à son parcours. Cependant, la chute du régime Bouteflika a marqué la fin de son emprise sur le marché. Face à l’intensification des enquêtes anticorruption, il a cédé la direction d’Innomedia en 2020 avant de quitter discrètement le pays.
D’après El Watan, Ahmed Karim Benmansour se serait réfugié en Suisse, pays où de nombreux anciens proches du régime ont trouvé asile. La justice algérienne, qui intensifie sa lutte contre la corruption sous la présidence d'Abdelmadjid Tebboune, pourrait envisager une demande d’extradition afin de le contraindre à répondre de ses actes.
Le cas de Benmansour n’est pas isolé. Depuis 2019, de nombreuses figures de l’ancien régime ont été jugées et condamnées pour des faits similaires, illustrant l’ampleur des détournements sous l’ère Bouteflika. Cette affaire met une nouvelle fois en lumière les liens étroits entre politique et affaires sous le pouvoir de Bouteflika. Pendant deux décennies, des entreprises proches du cercle présidentiel ont pu bénéficier d’avantages injustifiés, faussant les règles de la concurrence et impactant directement l’économie du pays.
Source : ObservAlgerie
: Afrique Monde
