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Afghanistan / France : Les Français ont déjà niqué les Afghans .Les interprètes afghans, un scandale français, comme d'habitude, un hypocrite ne change jamais .Faire la pute contre son pays au profit de la France se termine souvent par une vulgaire dette morale de la France. Nous allons voir si la France suit les Allemands pour cette fois-ci.

2021-08-16 17:31:18 - Deux journalistes dénoncent le sort des interprètes afghans de l’armée française en Afghanistan, dans un livre enquête, « Tarjuman, une trahison française », publié mercredi 6 février. Lors son départ d’Afghanistan, entre 2012 et 2014, la France a refusé d’accorder un visa à la majorité de ses auxiliaires abandonnés à leur sort, jusqu’à l’intervention d’une association.

Il se fait appeler Saidullah, un nom d’emprunt, de peur qu’un voisin le reconnaisse. Dans une autre vie, il était interprète de l’armée française en Afghanistan. De 2009 à 2013, cet Afghan éduqué a accompagné les patrouilles en opération. « C’est un traître », dit-on désormais de lui, au village où il a grandi. En 2016, une quarantaine de talibans ont pénétré dans la maison familiale. Son frère mécanicien a refusé de dire où se cachait celui qui avait collaboré avec l’armée française. Il a été tué sous les yeux des parents.

La famille de Saidullah vit désormais à Jalalabad, seconde ville d’Afghanistan. Elle déménage dès qu’elle se sent menacée. « Je me méfie de tout le monde, de mes voisins », confie l’ancien interprète. Par deux fois il a sollicité un visa auprès de l’ambassade de France, sans succès, malgré l’appui de militaires français. « J’ai accompli ma mission pour l’armée française. J’ai perdu mon frère et la France ne m’aide pas. » Comme Saidullah, 800 interprètes, cuisiniers et magasiniers afghans ont servi dans l’armée française de 2001 à 2014, date de départ des derniers contingents.

Les mésaventures de ces auxiliaires afghans abandonnés à leur sort ont fait l’objet d’un travail fouillé et argumenté des journalistes Brice Andlauer et Quentin Müller : Tarjuman, une trahison française (1). Les auteurs détaillent comment l’État, du ministère de l’intérieur aux affaires étrangères en passant par l’armée, a systématiquement freiné ou saboté les demandes de visa des employés afghans qui ont collaboré à l’effort de pacification et qui se sont retrouvés, pour certains, menacés de mort par les insurgés.

Instruits du précédent douloureux des harkis, le commandant des forces françaises Olivier de Bavinchove et l’ambassadeur à Kaboul Bernard Bajolet ont cru régler une bonne fois pour toutes la dette morale de la France en rapatriant 73 interprètes en 2012. Le processus de sélection a été mené en toute discrétion, afin de limiter les demandes. Les auteurs de Tarjuman parlent d’un processus « opaque », avec des critères subjectifs comme leur pratique religieuse ou leur capacité à s’intégrer rapidement, ce qui a exclu de ce fait la quasi-totalité des anglophones.

Des Allemands exemplaires

Soixante-treize rapatriements, c’est sans commune mesure avec les efforts d’autres pays de la coalition. Les Allemands, dont le contingent était peu ou prou comparable, ont rapatrié 760 auxiliaires afghans avec leur famille, soit 3 240 personnes. Les Américains en ont accueilli 2 000, sans compter les proches. Les Néo-Zélandais et les Canadiens ont également fait preuve de générosité, les Britanniques beaucoup moins. « Au crédit de la France, les Afghans qui ont reçu un visa ont été très bien accueillis », note la juriste Caroline Decroix.

Sans son intervention, le dossier des auxiliaires afghans aurait sans doute été enterré. Caroline Decroix a découvert la situation des interprètes en lisant un article de La Croix publié le 6 mars 2015. Le journal y relatait une manifestation d’un groupe d’interprètes devant l’ambassade de France. Elle ne connaissait pas l’Afghanistan mais a vécu l’affaire comme une injustice à réparer. « Quand cela touche l’armée française, personne n’est indifférent », rappelle cette spécialiste en droit des étrangers.

« 800 personnes ont été accueillies »

Méthodique et combative, cette mère de famille crée l’association des anciens interprètes afghans de l’armée française. Elle reçoit l’appui de l’écrivain et avocat François Sureau, qui a effectué son service militaire dans la légion étrangère. Alertant le président de la République en avril 2015, ils obtiennent l’examen de 252 dossiers. Seuls 103 sont acceptés. « Les décisions de refus de visa n’ont pas été motivées », précise l’association.

Après l’élection d’Emmanuel Macron, l’État procède, sous l’amicale pression de l’association, à un nouvel examen des cas déposés en 2015. Sont exclues toutes les demandes antérieures ou postérieures à cette date. Cette troisième vague aboutit en décembre 2018 à 51 relocalisations, portant à 227 au total le nombre d’interprètes rapatriés. Selon le ministère des armées, « environ 800 personnes ont été accueillies » en comptant les proches (enfants, conjoints).

« De la viscosité administrative »

Dans l’administration, on estime avoir accompli la mission à bien. « Il y a peut-être eu de la lenteur, de la viscosité administrative, affirme le ministère des armées. Y a-t-il eu des erreurs ? Nous ne partageons pas cet avis. Des immeubles – 56 logements – ont été concédés par le ministère à l’association pour l’accueil de certains PCRL (personnels civils de recrutement local, les auxiliaires afghans, NDLR). Nous avons le sentiment d’avoir accompagné la totalité de ceux qui le souhaitaient. » Sollicité, le ministère des affaires étrangères, en charge d’étudier les demandes de visa, n’a pas répondu à nos questions.

L’État français n’en a pourtant pas fini avec les auxiliaires afghans. Au moins une centaine de dossiers sont susceptibles d’être réexaminés, après la dernière décision du Conseil d’État d’accorder une protection à tout employé de l’administration française menacé du fait de son travail (lire ci-contre). « C’est la décision qu’on attendait depuis le début », poursuit Caroline Decroix.

Des dizaines de dossiers en attente

Combien d’auxiliaires afghans peuvent encore bénéficier de la protection de la France ? Combien le souhaitent-ils ? Tout le monde l’ignore. La France n’a jamais mis en place de processus public permettant de collecter les demandes. À la différence des États-Unis, ni le ministère des armées ni les affaires étrangères n’ont fourni la moindre information à leurs employés sur les droits auxquels ils peuvent prétendre. À ce jour, il n’existe même pas de boîte mail pour les prétendants à un rapatriement.

Joint par téléphone en Turquie, l’ancien interprète Farhad Seddiqi attend un hypothétique réexamen de sa candidature, sans vraiment savoir à qui s’adresser. Cet expert-comptable vivote aujourd’hui à Samsun, une petite ville turque qu’il ne peut quitter, sous peine d’être expulsé vers Kaboul. Traducteur auprès des forces spéciales de 2005 à 2007, il a occupé ensuite le poste de directeur financier d’une ONG, jusqu’au jour où la famille d’un taliban tué par l’armée française l’a reconnu. Les menaces ont alors commencé.

L’amertume des interprètes

En décembre 2015, un homme armé s’est présenté chez lui. Farhad Seddiqi n’était pas là. Son cousin a ouvert à sa place : il a été exécuté à bout pourtant. Après s’être caché de maison en maison à Kaboul, l’ancien interprète a fini par s’envoler vers la Turquie avec un visa de tourisme. « J’ai fait beaucoup pour les forces spéciales, confie-t-il. Ma famille a tout perdu à cause de moi. Je regrette d’avoir travaillé pour l’armée française. »

Les troupes étrangères en Afghanistan

Une cinquantaine de pays ont contribué à la Force internationale d’assistance à la sécurité qui s’est efforcée, sans succès, de pacifier l’Afghanistan, entre la chute des talibans, fin 2001, et le départ du gros des forces de la coalition en 2014.

En 2012, environ 130 000 soldats étrangers, dont 90 000 Américains, sont déployés en Afghanistan. Le Royaume-Uni compte alors 9 500 militaires, devant l’Allemagne (4 900), l’Italie (3 800), la France (3 550), la Pologne (2 460), la Roumanie (1 850), l’Australie (1 550), l’Espagne (1 480), la Turquie (1 330) et la Géorgie (800).

Une dizaine de pays suivent avec des contingents de 300 à 700 soldats : Danemark, Bulgarie, République Tchèque, Belgique, Suède, Norvège, Hongrie, Corée du sud, Croatie et Slovaquie. Par ailleurs, une trentaine de pays ont déployé des effectifs symboliques.

Aujourd’hui, les États-Unis comptent 14 000 soldats en Afghanistan. Les forces de sécurité afghanes, estimées à 308 000, supportent l’essentiel de l’effort de guerre contre les insurgés.

la-croix -  Titre: AM

 

 

 

 

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