2020-04-23 07:36:33 - Dans les pays pauvres d'Afrique ou d'Asie du Sud, les médecins manquent de l'élément le plus crucial pour sauver les malades les plus graves du Covid-19: l'oxygène lui-même, alertent les experts.
La crise sanitaire actuelle a mis sous tension même les systèmes hospitaliers les plus avancés, qui peinent notamment à s'approvisionner en respirateurs artificiels.
Mais les experts craignent que cette attention portée au maillon high-tech de l'assistance respiratoire ne masque un besoin encore plus criant et prioritaire, pour les systèmes de santé les plus vulnérables: l'oxygène médical, composante clé des soins intensifs.
"La réalité c'est que l'oxygène est la seule thérapie qui va sauver des vies en Afrique et en Asie-Pacifique à ce stade", commente Hamish Graham, pédiatre et chercheur à l'hôpital universitaire de Melbourne.
"J'ai peur que la focalisation excessive sur les respirateurs ne tue, si on ne résout pas les problèmes d'oxygène", explique-t-il à l'AFP.
Selon un rapport publié en février sur plusieurs milliers de cas en Chine, près de 20% des malades du Covid-19 ont eu besoin d'oxygène.
Mesure du taux d'oxygène dans le sang d'un patient le 31 mars 2020 dans un hôpital de Stuttgart, en Allemagne-AFP/Archives/THOMAS KIENZLE
Le nouveau coronavirus attaque les poumons, causant des formes aiguës de détresse respiratoire et entraînant une baisse dangereuse du niveau d'oxygène dans le sang.
"Dans les hôpitaux des pays riches, l'oxygène va de soi", explique le Dr Graham. Mais ailleurs, "les soignants sont parfaitement conscients du problème: ils se battent chaque jour pour pouvoir fournir de l'oxygène à leurs patients".
De nombreux gros hôpitaux de pays en développement disposent de bouteilles d'oxygène dans les blocs opératoires et les services, ainsi que de "concentrateurs", des équipements portatifs qui permettent de filtrer et de purifier l'air ambiant.
Mais des études montrent que moins de la moitié des établissements hospitaliers d'Afrique et d'Asie-Pacifique disposent d'oxygène à tout moment, insiste le Dr Graham. Et ils sont bien moins nombreux à être équipés d'oxymètres de pouls, ce petit appareil qu'on met au bout du doigt du patient pour mesurer son taux d'oxygène dans le sang.
Cette inquiétude n'est pas nouvelle parmi ceux qui soignent les patients atteints de pneumonie, maladie infectieuse la plus meurtrière chez les enfants de moins de 5 ans.
Malgré des politiques nationales en place, au Nigeria, un des pays les plus touchés, la situation dans certaines régions est "très très inquiétante", estime Adamu Isah, de l'ONG Save the Children.
Il est courant de voir des enfants "souffrir et suffoquer", raconte l'ancien médecin à l'AFP. "On se sent inutile. Il n'y a pas grand chose à faire sans oxygène".
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