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Fin du franc CFA : Patrice Talon avait raison, mais le Sous/Préfet de la France Dramane Ouattara n’a pas tout dit

2019-12-22 14:12:01 - Samedi, le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé la fin du franc CFA dans la zone UEMOA, d’ici juillet 2020. Une annonce qui n’est pas restée anodine et qui semble avoir fait mouche dans les rangs des populations africains, surtout que la déclaration a été faite en présence du président français Emmanuel Macron.

C’est une bonne nouvelle que les insistants appels des panafricanistes et autres africains sur l’abandon de la monnaie dite « coloniale », le franc CFA, soient entendus.

L’annonce de Ouattara sur l’adoption par les pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest africaine (UEMOA), d’une monnaie unique autre que le franc CFA, est une grande avancée pour les 8 pays de la zone et pour l’Afrique. En réalité, l’information essentielle n’est pas le remplacement du franc CFA par l’ECO, mais le plus important, c’est la décision des dirigeants des 8 pays de rapatrier et de gérer eux-même, les réserves de change qui se trouvaient dans la banque de France.

Réserves de change

En effet, le président béninois Patrice Talon avait annoncé, lors d’une interview avec France 24 et RFI, il y a quelques semaines, que tous les pays étaient unanimement d’accord pour le retrait des réserves de change de la main de la France. Plusieurs doutes subsistaient quand à cette annonce avec les discours qu’ont tenu après, certains de ses pairs dont justement Alassane Ouattara. Eh bien, il semble donc que cette annonce n’était pas faite en l’air et que la décision a finalement été prise. La France ne sera plus cogérante, les pays n’auront plus 50% d’intérêt à lui verser , mais elle reste toujours dans les parages en tant que garant en cas de crise. La question est donc, sans être parano : quel sera l’intérêt du garant, vue que « la France n’a pas d’ami mais elle n’a que des intérêts » ?

L’ECO

Les pays de l’UEMOA utiliseront désormais, à partir de juillet 2020, l’ECO comme monnaie unique. Dans ce cas, il faut souligner qu’annoncé comme l’a fait Alassane Ouattara aux côtés d’Emmanuel Macron, on croirait à une grande victoire et que Macron devrait être remercié comme un héros ou autre. En réalité, certes, le franc CFA va disparaître dans l’UEMOA mais il faut dire qu’il ne s’agit là que d’un simple changement de nom. Selon RFI « l’éco conservera une parité fixe avec l’euro, ce qui garantit la même valeur de la monnaie pour les consommateurs. Cette disposition pourrait évoluer avec le temps et en fonction de la volonté des autres pays de la CEDEAO lorsqu’ils voudront rejoindre l’éco ».

Pour faire simple, au lieu de dire 100 franc CFA, on dira désormais 100 ECO. La valeur reste la même et la monnaie est toujours arrimée à l’Euro comme le CFA. Il n’y a donc rien d’autre qui change outre le nom. La question ici est : si les réserves de change sont sorties de la Banque de France, les dirigeants africains se font-ils suffisamment confiance et sont-ils capables d’en faire une bonne gestion ?

La France-Afrique

Selon BFMTV, la présidence française a indiqué que le ces nouvelles dispositions permettront de supprimer « un des derniers symboles qui incarne la france-afrique et de mettre fin à beaucoup de fantasmes sur cette monnaie ». Certes la France est très décriée en ce qui concerne sa politique en Afrique, et c’est normale quand on voit comment elle s’érige en donneuse de leçon, en tuteur ou parrain et parfois même la France se permet de décider à la place des africains comme si le continent lui appartient.

Cependant, elle n’est pas seule dans le cas. Les Etats Unis, la Russie, l’Union Européenne, l’Allemagne ou encore la Chine, sont toutes des puissances qui ont de l’influence sur le continent et qui contribuent d’une manière ou d’une autre à le maintenir pauvre. Le problème de la France donc, c’est son implication un peu trop exagérée, cette façon de vouloir tout contrôler comme s’il s’agit d’un de ses départements. Il faut que la politique française en Afrique reste une politique de coopération et de partenariat et non un « parrainage ». Une question subsiste toutefois quand on entend les réactions de certains panafricanistes : Où se trouve le piège ?

Beninweb

 

: Afrique Monde