Nombre total de visites : 4786909
Aujourd'hui : 307
En ligne actuellement : 2

Cameroun : LA MALÉDICTION ET LE DÉCLIN DU CAMEROUN

2019-06-23 16:52:58 - Le 30 novembre prochain , les camerounais se souviendront qu’il y a 30 ans , disparaissait à Dakar Ahmadou Ahidjo , l’homme qui les avait guidés de février 1958 , en passant par l’indépendance obtenue en janvier 1960 , jusqu’au 6 novembre 1982 .

Cela faisait exactement sept ans , qu’il avait quitté le pouvoir lorsque Ahamadou Ahidjo fut surpris par la mort , ce jeudi 30 novembre 1989 à Dakar , où reposent toujours ses restes au carré musulman du cimetière du quartier Yoff , pour ceux qui connaissent la capitale sénégalaise . 

Brouillé avec son successeur , c’est-à-dire le dauphin qu’il avait formé et préparé pendant des années à la fonction présidentielle, Ahmadou Ahidjo est mort dans le ressentiment et l’amertume , en ayant à tort ou à raison le sentiment d’avoir être lâché et trahi par ceux qui virevoltaient dans son entourage , du temps de sa toute puissance , et qui lui devaient l’ascension de leurs carrières.

Depuis , sa veuve en veut terriblement au dauphin constitutionnel que son défunt mari , avait voulu pour le peuple camerounais , et qui ne souhaite pas accéder à son exigence de la réhabilitation du premier président du Cameroun, en organisant le rapatriement, et à l’arrivée la tenue d’un deuil national . 

Je l’ai écrit mille fois , à plusieurs occasions , mais ce que je souhaite évoquer spécifiquement, concerne un probable mauvais sort , qu’aurait lancé le président Ahidjo , sur ce pays dont on disait jusque dans la seconde partie des années 1980 , bénit des dieux . 

Car , depuis un certain temps , non seulement le Cameroun semble avoir perdu de son prestige d’antan , après avoir remporté à deux reprises consécutives , le trophée du pays le plus corrompu de l’univers , mais il va de malheurs en malheurs , de tragédies en tragédies , et d’ humiliations en humiliations .

Tout avait commencé , entre 1984 et 1986 . Le pays connut deux catastrophes humanitaires sans précédent , de mémoire de camerounais . Deux émanations de gaz toxiques , en provenance du lac Nyos, qui décimèrent une grande partie des habitants et du bétail .

Ensuite survint , une série d’assassinats sauvages inexpliqués de prélats , dont certains étaient proches du pouvoir .

En juillet 1992 , les camerounais apprirent avec tristesse et stupéfaction, la disparition de Jeanne – Irène Biya , de loin et de façon quasi- unanime, la première Dame préférée des camerounais, de tous les temps . On nous apprenait qu’elle avait succombé à une leucémie, c’est-à-dire un cancer de sang . Or , non seulement on ne la savait pas malade , mais ceux qui la côtoyaient dans son intimité , n’avaient pas souvenir d’avoir quelque peu perçu de son vivant , le moindre signe , ou symptôme d’une telle pathologie. Mystère .

C’est des années plus tard , comme toujours dans pareil cas , que les langues commencèrent à se délier . On parlait d’assassinat ordonné en règle par son époux de président . Ce dernier , absent au moment de la disparition de son épouse , se trouvait à Dakar au Sénégal, où il prenait part à un sommet de la CEDEAO ( Communauté Économique et Douanière des États de l’Afrique de l’Ouest ) dont ne fait pourtant pas partie son pays ,le Cameroun 

Quand on sait , que Paul Biya en dehors des grandes messes de la francophonie en présence des présidents français , ou d’autres rencontres de ce type à l’Élysée et les assemblées générales des Nations – Unies à New York , à l’issue desquelles il profite pour opérer des fugues à l’Inter Continental de Genève, où il a ses habitudes depuis des décennies, ne goûte guère trop à ces “ folklores “ africains , il y a de quoi s’interroger .

Depuis , pas mal d’entreprises d’Etat , y compris certaines banques , héritées de son prédécesseur ont tout simplement mis la clé sous le paillasson, et ont de facto déclaré faillite en emportant l’argent de leurs clients , auxquels il ne reste souvent que les yeux pour pleurer.

Des étudiantes qui naguère , faisaient envie aux lycéennes du fait de leurs bourses , se sont transformées en prostituées occasionnelles pour boucler les fins de trimestre . Les policiers et les gendarmes , louent leurs armes de service aux malfrats , quand eux- mêmes ne prennent carrément directement pas part , aux nombreux braquages , qui ensanglantent et endeuillent fréquemment les grandes villes du pays .

Tout le secteur du terminal portuaire , a été vendu au Français Vincent Bolloré .

En retour , ce dernier en dehors des subsides qu’il en tire , finance intégralement la milice privée du dictateur camerounais, lors de ses passages en hexagone ( Suisse ou France ) , mobilisée par l’entregent de Michel Roussin , un ancien capitaine de la gendarmerie française , qui fut un temps directeur de cabinet d’Alexandre de Marenches , le patron du SEDEC , l’ancêtre de la DGSE, le contre espionnage extérieur français , avant un passage à la mairie de Paris , et de devenir ministre de la coopération dans le gouvernement Balladur en 1993.

Comme en signe du courroux céleste, le Cameroun est entrain d'porer une descente, mais sûre vers les enfers. J’écris évidemment ces lignes , en éprouvant beaucoup trop de peine , à retenir mes larmes , mais c’est hélas un fait . Notre pays semble , sauf événement imprévu et donc improbable, sur le point d’affronter le moment le plus fatidique de son destin .

Tenez , chaque semaine , nos routes connaissent des hécatombes . Il n’y a pas très longtemps , partait en fumée la partie basse de notre parlement . Peu de temps après , c’est une partie du palais des congrès , qui se consumait littéralement. Il ya deux semaines , la SONARA, le symbole le plus achevé du fleuron de notre industrie , dont nous apprenons seulement maintenant qu’elle n’était pas assurée , partait également en fumée .

Nous apprenons aussi , que tout un pan de l’EMIA de Yaoundé ( École Militaire interarmes) , là où fut notamment formé un certain capitaine Blaise Compaoré a fini en fumée .

L’année dernière , le ministère de la santé avait brûlé , augurant l’humiliation planétaire consistant à voir retirer au Cameroun, l’organisation de la CAN pour l’édition 2019 .

Alors , pour conjurer tous ces malheurs , je suggère à tous les camerounais patriotes , de se joindre à nous le 30 novembre 2019 , à Dakar sur la tombe du président du président Ahamadou Ahidjo, à l’occasion de la commémoration des 30 ans de sa disparition.

Peut – être que cette thérapie collective , servira aussi d’exorcise pour le mauvais sort du courroux céleste , comme dans la fable de la fontaine intitulée les “ Animaux malades de la peste “

“ Un mal qui répand la terreur , mal que le ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre , la peste puisqu’il faut l’appeler par son nom , capable d’enrichir en un jour l’Acheron ( enfer ) faisait aux animaux la guerre . Tous ne mourraient pas , mais tous étaient frappés .

Le lion tint Conseil et dit : mes amis , je crois que le ciel a permis pour nos péchés cette infortune. Que le plus coupable de nous se sacrifie aux traits du céleste courroux , peut- être il obtiendra la guérison commune . L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents on fait pareils dévouements . “

Jean-Pierre Du Pont

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

: Afrique Monde