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RD. Congo- Genève : les fausses notes d'un deal politique

2018-11-15 23:59:37 - Après le vote du candidat commun de l'opposition qui a eu lieu à Genève le dimanche 11 novembre, les observateurs continuent à relire les différents épisodes d'un deal politique considéré par d'aucuns comme un marché des dupes.

De prime abord, la première fausse note se situe en amont. On se demande pourquoi les divers candidats à la magistrature suprême n'ont-ils pas examiné méticuleusement le rapport des forces entre eux, notamment le poids d'un chacun sur le terrain sociopolitique, la capacité de mobiliser tant dans la capitale que dans d'autres villes, localités, territoires et provinces de la République et pourquoi pas dans les Etats voisins et autres où l'on compte une diaspora notable des Congolais?
 
Le meilleur baromètre à l'heure actuelle s'observe en nombre des députés au niveau de l'Assemblée nationale, provenant des élections législatives de 2011. On rappelle que l'UDPS totalise 44 députés nationaux, l'UNC en compte dix-sept, l'ECIDE un seul et le parti cher à Freddy Matungulu dénommé « Congo na Biso » zéro député.
 
Toujours en amont de ce deal, les intéressés auraient pu prendre en compte les résultats des sondages publiés par l'organisme BERCI, reconnu spécialiste pour les régions des Grands Lacs, qui attribuaient 36 % des voix favorables au président national de l'UDPS, 17 % à Vital Kamerhe et 16 % à Emmanuel Ramazani Shadary du Front Commun pour le Congo.
Il est de notoriété publique que pour participer à un concours, le candidat doit remplir les différentes conditions nécessaires et inévitables à cet effet. Or, trois candidats à la Magistrature Suprême, à savoir J.P. Bemba, Adolphe Muzito et Moïse Katumbi ont été disqualifiés par la CENI pour diverses raisons.
 
Les candidats exclus comme témoins De ce fait, comme le dit un principe cher en droit : pas d'intérêt, pas d'action. Ils n'avaient donc pas qualité pour se mêler en quoi que ce soit de la désignation d'un candidat à la magistrature, notamment par la voie d'un vote. Le seul rôle qui devait leur être réservé était celui d'observateurs et de conseillers surtout en ce qui concerne l'élection présidentielle. Cependant, la loi leur permet de faire campagne ou de concourir pour les autres élections provinciales, sénatoriales et de gouverneurs.
 
Le recours obligatoire à la ratification
 
Pourquoi les quatre personnalités non exclues par la CENI n'ont-elles pas demandé et obtenu le droit de recourir à la ratification de ce deal par leurs bases respectives avant d'apposer leurs signatures au bas de ce document conclu à Genève dimanche dernier?
 
Le droit de rétractation
 
Si en droit civil, le droit et le délai de rétractation ou de renonciation  sont reconnus comme des périodes au cours desquelles, tout cocontractant peut renoncer à un contrat, en politique, l'on ne compte plus des cas de ce genre vécus dans le monde. D'autant que la bonne foi y joue un rôle prééminent dans les relations entre les Etats et les sociétés commerciales privées et paraétatiques. Surtout lorsque l'on découvre un dol ou une promesse mensongère non tenue. Comme ce fut le cas dimanche dernier à Genève lors de ce deal politique puant un marché des dupes à plusieurs kilomètres.  En France par exemple, le Code Civil en ses articles L.221-16 a règlementé ces éventualités pour protéger les gens exposés aux multiples fraudes car comme l'on dit « fraus omnia corrupit ».
 
L'histoire récente du pays renseigne qu'au lendemain des accords politiques conclus à Gbadolité entre le maréchal Mobutu et les treize parlementaires fondateurs de l'UDPS, ces derniers avaient signé ledit accord politique mettant fin au calvaire auquel ils avaient été soumis pendant trois ans de bannissement et de renvoi dans leurs villages d'origine. Une fois sorti du pays pour un contrôle médical en Europe, Etienne Tshisekedi apprit que l'un d'entre eux, à savoir son compagnon d'infortune dénommé François Lusanga Ngiele, avait été déshabillé et battu en public au cours d'un meeting tenu par un plénipotentiaire du régime dans la ville de Mwene-Ditu.
 
Il profita de cette flagrante violation du contrat politique conclu entre les treize parlementaires à l'issue des tractations politiques de Gbadolite sous la direction de feu le Maréchal Mobutu pour renoncer publiquement à sa signature. De retour au pays, il refusa de faire partie de n'importe quelle institution de la République, notamment le gouvernement, au Bureau Politique et les entreprises commerciales paraétatiques. Freddy Kibasa fut nommé ministre des Sports, Lumbu Maloba, Gabriel Kyungu, Gabriel Kapita, Biringanine et Makanda Shambuyi au Bureau Politique, Mpindu Bwabwa à la direction générale de
l'INSS.
 
Pour tester la bonne foi du régime, il convoqua et tint un meeting sur la place dite de Pont Cabu. Des agents en armes et en tenues militaires surgirent pour le brutaliser avant de l'amener manu militari jusqu'à la Cour de Sureté de l'Etat siégeant dans les installations de l'Assanef pour un procès bidon et immédiatement acheminé à Makala. Il fut remis dix jours après en liberté et placé en résidence surveillée dans sa maison de l'avenue Pétunias à Limete quartier résidentiel, jusqu'au 24 avril 1990.
 
F.M.

: Afrique Monde