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Les médias russes irritent le gouvernement français : Réduire la liberté de la presse

2018-09-12 20:17:30 - Le rapport intitulé ‘La manipulation de l’information : un défi pour nos démocraties’, préparé par deux groupes de réflexion liés au gouvernement – le Centre d’Analyse, de Planification et de Stratégie (CAPS) et l’Institut d’Études Stratégiques (IRSEM) du ministère français des Affaires étrangères – a été publié le 4 septembre et invite le gouvernement français à « nommer et isoler » les organismes qui agissent comme « organes de propagande étrangers« . Il suggère que les journalistes des organes d’information russes de RT et de Spoutnik ne devraient pas être accrédités ou invités à des conférences de presse.

« Il est important de ne jamais accorder d’accréditation à ces organisations plutôt que de les inviter à des conférences de presse pour les journalistes« , peut-on lire dans le document.
 
Moscou est la cible principale des efforts visant à restreindre la liberté d’expression. Le rapport de 200 pages mentionne la Russie 60 fois, le mot Kremlin est utilisé 48 fois, Spoutnik est cité 14 fois et RT n’est pas oublié non plus avec l’abréviation répétée 10 fois. Les auteurs disent qu’ils expriment des opinions personnelles, mais c’est difficile à croire puisqu’ils travaillent pour le gouvernement.
 
L’administration française a démontré à plusieurs reprises son attitude hostile à l’égard de ces médias russes. L’année dernière, le président Emmanuel Macron les a accusés d’avoir proféré des « mensonges » sur lui et sa campagne, se comportant non comme « des médias et des journalistes » mais comme « des organes d’influence, de propagande et de fausse propagande« . C’est ce qu’il affirme, bien qu’aucun exemple de diffusion de fausses informations par les médias russes n’ait jamais été fourni.
 
Les activités des journalistes russes en France sont souvent entravées. Il n’est pas rare qu’ils soient victimes de harcèlement. Par exemple, lorsque la chaîne RT France a commencé à émettre en décembre dernier, 11 personnalités françaises ont demandé au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) de révoquer sa licence.
 
Pendant ce temps, le président Macron réfléchit à une nouvelle loi restrictive sur les médias sous prétexte de lutter contre les « fausses informations« . Elle introduira de nouvelles règles sur la publication des médias pendant les campagnes préélectorales, conférant ainsi au CSA une autorité plus large sur les activités des médias étrangers dans le pays. La Commission de la législation du Sénat français a rejeté les deux projets de loi visant à lutter contre les « fausses informations » le 17 juillet, mais l’administration française espère qu’une nouvelle loi entrera en vigueur avant les élections du Parlement européen en mai 2019.
 
En avril, le ministère français des Affaires étrangères a organisé une conférence internationale intitulée ‘Sociétés civiles, médias et pouvoirs publics : les démocraties face à la manipulation de l’information’. Le Rapport sur la Défense et la Sécurité Nationale de 2017 ainsi que le Rapport Stratégique de Cyber Défense de 2018 soulignent l’importance des mesures à prendre contre les fausses nouvelles et la désinformation.
 
Toutes les initiatives et mesures juridiques proposées pour réglementer les activités des médias supposent uniquement des restrictions et des interdictions. Les mesures de « rétractation, d’interdiction et de blocage » sont proposées en abondance, mais aucune initiative n’est proposée pour promouvoir la liberté de la presse et l’impartialité de l’information. Après tout, personne n’oblige les téléspectateurs et les lecteurs français à se fier à RT ou à Spoutnik comme sources d’information, ils ont un large choix. Il est à noter qu’avec toutes les accusations qui s’accumulent, aucune action en justice n’a jamais été intentée contre les organes d’information russes. Jusqu’à présent, Moscou n’a jamais riposté contre la société France Médias Monde, qui comprend la chaîne de télévision France 24 et la station de radio RFI.
 
La question de la liberté de la presse en France est à l’ordre du jour, car des événements internationaux qui doivent être mis en lumière sont à venir. La France a déclaré qu’elle se joindrait aux Etats-Unis et au Royaume-Uni pour frapper les forces gouvernementales syriennes en cas d’attaque chimique. La Russie a fourni des preuves d’une opération de faux drapeaux préparée par des rebelles pour renverser les efforts visant à les chasser de la province syrienne d’Idlib. En frappant la Syrie, les forces armées françaises vont se ranger du côté des terroristes, mais faire prendre conscience de ce fait revient à mener une « campagne de désinformation« .
 
La France s’est jointe aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada pour condamner la Russie pour complicité dans l’affaire dite de l’empoisonnement Skripal. Les accusations et les émotions sont nombreuses, avec rien d’autre qu’une photo de deux hommes qui sont censés être des officiers du renseignement militaire russe en Grande-Bretagne pour soutenir les accusations portées contre Moscou. Regardons ce que nous avons. On peut aimer la Russie ou non, mais rien ne prouve qu’elle ait un rapport avec l’affaire Skripal. Qu’est-ce qui ne va pas avec ce point de vue ? Aucune information qui pourrait être fausse, aucun mensonge, aucune concoction d’aucune sorte ne sont offerts à l’auditoire, rien d’autre que des faits évidents – il n’y a aucune preuve tangible pour appuyer les accusations contre Moscou. C’est tout.
 
Y a-t-il une explication à ce que les Français soient privés de leur droit de se confronter à des points de vue différents, afin de se forger une opinion indépendante ? N’est-ce pas la raison d’être du journalisme ? Le gouvernement français a choisi la mauvaise façon de réprimer les opinions divergentes. Les interdictions incitent à s’intéresser à l’information à laquelle les pouvoirs publics tentent de refuser l’accès. Cette politique rendra la RT et Spoutnik plus populaires. Le fruit défendu est celui qui a le meilleur goût.
 
Source : Russian Media Irritates French Government: Curbing Press Freedom

traduit par Pascal, revu par Martha pour Réseau International
 
 

: Afrique Monde